24 novembre 2021

Le déménagement du service travaux – oui, mais pas comme ca !

Le Collège de Genappe envisage de déplacer le service travaux sur un terrain agricole de 6,5 hectares à Ways. Le groupe Ecolo Genappe #CréonsDemain demande l’abandon de ce projet démesuré et inadéquat.

Aujourd’hui, le service travaux est situé à 4 endroits :

  • les bureaux à l’Espace 2000 dans des vieux bâtiments préfabriqués très énergivores;
  • l’ancienne école rue Berger. Le bâtiment est à la limite de l’insalubrité et trop petit;
  • le site de la sucrerie héberge les stocks et le plus gros du matériel. Mais la SARSI, propriétaire sur site, veut récupérer rapidement la place pour y installer les deux écoles secondaires prévues;
  • un dépôt Allée du Cavalier qui ne pose pas de problème mais est très petit.

On peut comprendre que les bâtiments actuels ne soient plus adaptés ni assez grands. On peut aussi comprendre le besoin de regrouper. La nécessité de déménager et construire un nouveau service travaux semble donc évidente. Nous ne remettons pas en question cela.

Les besoins ne sont pas clairement définis ni objectivés

Lors d’une première réunion informative réunissant les conseillers communaux des différents partis politiques, le Collège a exprimé une nécessité en terme de superficie d’au moins 4 à 5 hectares pour le service travaux. Cela nous semblait énorme alors nous nous sommes renseignés. Il nous fallait des points de comparaison, des données objectives.

Un service travaux a besoin de :

  • Espaces bureaux pour les employés
  • Zone de convivialité pour les repos, repas,… des ouvriers
  • Sanitaires, vestiaires et douches
  • Entrepôt et magasins
  • Zone de parking et manœuvre
  • Box et zones de stockage pour véhicules -de plus en plus grands-, tracteurs,…
  • Entrepôts pour plantes, stock de sel,…

Pour cela, les surfaces occupées par les services travaux d’autres communes de la région varient de 35 ares à maximum 4,5 hectares :

  • Chastres : 35 ares mais trop petit, les autorités estiment avoir besoin de 1 ha pour leur nouveau site.
  • Court-Saint-Etienne : la surface occupée est de moins d’un hectare.
  • Ottignies Louvain-la-Neuve : Le service occupe aujourd’hui environ 1 hectare sur l’ancien site du MET, et un projet est en réflexion pour un nouveau site d’un hectare à Louvain-la-Neuve.
  • Nivelles : Le service occupe aujourd’hui une superficie de 1,5 hectare.
  • Tubize : L’échevin des travaux contacté explique qu’actuellement la superficie est de +/- 1 hectare mais l’idéal serait un peu plus de 2 hectares.
  • Braine l’Alleud : 4,5 hectares mais le site est partagé avec des entreprises.
  • Villers-la-Ville : +/- 2,5 hectares.

Les 6,5 hectares envisagés à Genappe sont donc énormes comparés aux communes voisines. Et même les minimum 4-5 hectares dont le Collège pense avoir besoin semblent très exagérés !

C’est un point fondamental de ce projet. Il faut partir des besoins réels pour définir la surface nécessaire avant tout. Une fois ces besoins objectivés, nous pourrons connaître la surface réellement nécessaire pour un service travaux efficace. Et c’est comme cela qu’on évitera d’exproprier inutilement plusieurs hectares de terres agricoles !

Le choix du site doit être étudié

Lors de la réunion où le Collège nous avait convié, il n’a été proposé que 6 sites, tous en zone agricole. Il ne nous a pas été expliqué pourquoi d’autres zones n’avaient alors pas été envisagées (ZACC, zones à bâtir,…). Il semble évident que le coût de l’expropriation est nettement inférieur en zone agricole. C’est probablement la raison.

Nous dénonçons ici le double langage du MR : on ne peut pas à la fois affirmer sa volonté de préserver le caractère rural de notre commune, tant au niveau paysager qu’au niveau du soutien aux agriculteurs, et dans le même temps développer des projets qui vont aussi à l’encontre de ces options.

Bien sûr, légalement, il est possible de déroger au Plan de Secteur pour aliéner et artificialiser des zones agricoles, mais quels sont alors l’image et le message que les autorités font passer ?
Au minimum, à l’instar des modification du plan de secteur en bonne et due forme, une telle dérogation devrait pareillement donner lieu à une compensation planologique : rendre ailleurs non urbanisable une surface équivalente qui l’est actuellement (la ZACC Longchamps par exemple ou mieux, des zones réellement urbanisables aujourd’hui).

Entretemps et dans la foulée des nombreuses réactions des citoyens et riverains, le bourgmestre a expliqué à la presse avoir envisagé le site de la sucrerie mais que l’idée n’a pas été retenue à cause du risque d’inondations. Cet argument nous surprend ! Cela voudrait dire qu’on envisage de mettre des écoles, une maison de repos, des entreprises et des logements en zone inondable ! Nous ne savons pas si le site de la sucrerie est le plus adapté pour ce projet mais cela vaut certainement la peine de l’étudier, comme d’autres endroits qui n’ont pas été envisagés à cause de la taille énorme du projet du Collège (ils se sont limités à des sites de plus de 5 hectares).

Conclusions : il va falloir repartir d’une feuille blanche

Le déménagement du service travaux est nécessaire. Continuer comme aujourd’hui n’est pas acceptable pour les ouvriers communaux et à l’heure actuelle la SARSI attend le départ du service travaux de son site. Regrouper les sites de la rue Berger et de la sucrerie a tout à fait son sens aussi. Inévitablement, il faudra construire des bâtiments et donc il y aura une imperméabilisation des sols, une biodiversité affectée, la fin des activités en place (agricole ou autres). Cet impact doit être minimalisé ! On ne peut pas prétendre vouloir préserver le caractère rural de la commune et bétonner 6,5 ha de terres agricoles. Pour notre groupe politique, le projet des 6,5 hectares de l’Allée des Cavaliers va à l’encontre de l’indispensable relocalisation agricole et du soutien à l’agriculture familiale sur notre commune.

Pour minimaliser l’impact, il y a deux éléments importants :

  • Estimer correctement les besoins réels et la surface nécessaire. D’après notre comparaison avec les communes de la région, 1 à 2 hectares semble suffisant. Peut-être 2,5 hectares à cause des besoins spécifiques d’une commune rurale très étendue comme Genappe. Il n’y a pas de raison alors d’exproprier plus que cette surface.
  • Eviter les zones non-bâties ou non-bâtissables selon le plan de secteur. Ce sera évidemment plus cher mais c’est le prix à payer pour préserver la ruralité.

Alors que nous soulignons ici une méthodologie expédiée et peu concertée, nous demandons l’abandon de ce projet au profit d’une réflexion globale, durable qui se doit de débuter par la définition des besoins du service travaux. Il s’agira ensuite d’étudier les différentes possibilités sur le territoire et de les évaluer selon différents critères (centralité, accès, sécurité, impact sur les riverains, propriétaires et locataires actuels, biodiversité). Enfin il faudra envisager un bâtiment contemporain et impactant au strict minimum le réchauffement climatique, la biodiversité et les terres cultivables.

 

Anne Beghin,
Ludivine Brocca,
Charlotte Laureys,
Bernard Löwenthal,
Benoit Moreau,

Conseillers communaux