25 mars 2022

Service travaux : suite d’un dossier complexe

En ce début mars est apparu sur les réseaux sociaux une copie d’un courrier de la Ville de Genappe invitant la famille Antoons à accepter la cession d’une partie des terres qu’elle exploite pour y relocaliser le service travaux de la Ville.  Solidaires avec eux, nous dénonçons cette proposition.  Nous revenons ici sur ce dossier et expliquons notre opposition et nos solutions.

Le contexte

La ville de Genappe est comme toutes les communes de Wallonie dotée d’un service travaux.  Ce dernier est en charge de l’entretien des infrastructures communales (écoles, centres sportifs, salles communales,…) des voiries et des égouttages, des parcs et espaces verts et de l’éclairage public.  Il s’occupe également du déneigement, de la propreté publique et de l’embellissement de la commune, de la gestion des cimetières et des cours d’eau.  Il assure enfin le prêt du matériel communal aux associations et administrés.

Outre son personnel, le service travaux est doté d’un important charroi, de stocks et de matériel technique.  Actuellement ses infrastructures propres sont réparties entre l’espace 2000 (les bureaux), la rue Joseph Berger (le bâtiment est limite insalubre), un petit dépôt rue des Cavaliers et surtout le site de l’ancienne sucrerie où se situe son dépôt principal. Cette répartition décentralisée est depuis toujours peu optimale. Et elle ne pourra être maintenue car le propriétaire du site de la sucrerie (la SARSI, une émanation de la région wallonne en charge de la réhabilitation des chancres industriels) s’apprête à expulser la commune pour laisser place à l’établissement d’école secondaires. C’est l’occasion de regrouper les différentes infrastructures en un seul site (à l’exception des bureaux de l’Espace 2000) tout en assurant un confort correct pour les ouvriers communaux. Ce n’est pas un nouveau problème, mais il est devenu urgent puisque la SARSI ne peut plus attendre.

Mis au pied du mur, le Collège entreprend en fin 2021 d’identifier un nouveau lieu pour relocaliser l’ensemble des infrastructures techniques du service travaux.  Il établit une courte liste de six sites, tous de +/- 6 hectares, qu’il soumet aux conseillers communaux de la majorité et de l’opposition. Ce groupe de travail privilégie alors des terres agricoles exploitées par la famille Antoons et situées à Ways à l’arrière du potager des Hasquettes.  Face à la levée de boucliers de la famille Antoons rejointe par des citoyens et notre groupe, le Collège recule et propose de rouvrir le débat. Entretemps, Ecolo Genappe #CréonsDemain a revu sa position en se basant sur le fait qu’un service travaux n’a absolument pas besoin de 6 hectares, qu’il n’y a aucune raison de supprimer une surface agricole aussi énorme.

Au conseil communal de décembre 2021, le bourgmestre explique qu’ils vont revoir les besoins, faire un appel aux agriculteurs pour trouver d’autres endroits. Et il promet en particulier d’associer l’ensemble des conseillers à la démarche.  Quel ne fut pas dès lors notre surprise d’apprendre que dans un courrier de début mars, le bourgmestre repropose à la famille d’Antoons d’acheter 7 hectares des terres qu’elle exploite également à Ways mais cette fois-ci du côté de la rue Emile François en face de l’INBW.

Les lacunes du Collège

Nous pensons que la proposition en cours du Collège s’appuie sur de mauvaises bases pour trouver une solution à la relocalisation du service travaux, en particulier :

  • Le Collège voit (trop) grand. Il réclame 6 à 7 hectares pour un service travaux estimé à 4 ha et une “réserve” de 2 ha dont l’allocation future n’est pas claire.  D’après notre comparaison avec les communes de la région, 2 hectares semblent largement suffisant. C’est ce que prévoient les projets en cours à Wavre, à Ottignies et à Chastres par exemple. Et peu de communes ont des services travaux de 4 hectares ou plus. Il est possible que les besoins spécifiques d’une commune rurale très étendue comme Genappe justifient un peu plus de surface, mais certainement pas le double.
  • Au niveau de la méthode le Collège s’y prend selon nous “à l’envers”. Le bourgmestre avait dit qu’il impliquerait l’ensemble des groupes politiques. Il n’a même pas pris la peine d’informer les conseillers de la majorité comme le laisse deviner un commentaire Facebook d’un de ses conseillers. Cette promesse était donc un mensonge grossier. Une fois de plus, le Collège décide seul faisant fi de l’expertise ou de l’intelligence collective en s’appuyant sur son seul instinct puis en envoyant des ballons d’essais pour tester l’une puis l’autre solution.
  • Le Collège privilégie les terres agricoles. Alors que la relocalisation agricole apparait comme la voie de l’avenir pour ce secteur (voir notre événement “Relocalise-Moi” organisé avec la FJA) et que l’actualité récente de la guerre en Ukraine nous crie l’importance de préserver une production agricole suffisante proche de nous, la volonté d’emprunter la voie la plus facile de l’expropriation des terres agricoles apparait comme un réflexe d’un autre siècle.

Nos propositions pour sortir de l’ornière

Nous voulons rester modeste face un problème complexe pour lequel aucune vision globale n’a été tracée au cours des dernières décennies. Nous reconnaissons l’importance d’avoir des infrastructures de qualité pour les ouvriers communaux et l’urgence de faire quelque chose vu la décision de la SARSI. Mais c’est un dossier important qui impactera fortement le territoire de la commune de manière durable. Il mérite donc qu’on soit certain de ce qu’on va faire et qu’on étudie toutes les possibilités en utilisant l’intelligence collective.

Pour nous, la solution devrait s’appuyer sur les bases suivantes :

  • Estimer au plus près les besoins réels et la surface nécessaire pour ce futur service. Plutôt que de s’appuyer sur une estimation haute, il s’agit ici de réaliser avec l’administration concernée une analyse transparente du charroi, des stocks et des besoins du personnel pour ensuite la confier à un bureau spécialisé qui proposera des solutions d’aménagement optimisées répondant à ces besoins. Pour rappel, la plupart des services travaux des communes avoisinantes occupent +/- 2 hectares.
  • Privilégier les zones à bâtir ou des ZACC du plan de secteur. Ce sera évidemment plus cher mais c’est le prix à payer pour préserver notre indépendance alimentaire, la ruralité de notre commune, l’agriculture de proximité et le soutien aux agriculteurs qui s’engagent dans l’avenir et la transition.
  • Explorer avec mandataires, experts et citoyens et sur les bases ci-dessus toutes les solutions. En particulier certaines écartées un peu trop vite comme le site de la sucrerie, des ZACC toujours disponibles ou encore une certaine décentralisation de certaines activités sur un site périphérique. Les différentes solutions seront évaluées de manière transparente selon des critères clairs (centralité, accès, sécurité, impact sur les riverains, propriétaires et locataires actuels, biodiversité) pour enfin prendre la meilleure décision.

Notre groupe espère que le Collège s’inspirera de nos propositions ? E tout cas nous restons à sa disposition pour collaborer sur ce dossier et pour trouver ensemble la meilleure solution pour un service travaux de qualité adapté à notre commune. Et dans ce cas, nous serons prêts à défendre avec la majorité le projet décidé ensemble, même si ce sera difficile pour certains riverains (il n’y a pas de solution sans impact pour personne).

 

Bernard Löwenthal
Conseiller communal

Thierry Ferracin
Co-Président Ecolo Genappe