20 mai 2020

Remettre de la solidarité dans la scolarité, et éviter à tout prix le risque de rupture scolaire de certains enfants

Ecolo Genappe #CréonsDemain propose une dynamique de concertation des acteurs locaux et des citoyens pour venir en aide aux enfants les plus touchés dans leur scolarité par le confinement. Le but est de mettre en place un programme communal d’entraide scolaire. Car le constat est bien là. Le confinement et l’ensemble de la crise sanitaire peuvent entrainer des conséquences désastreuses sur le lien à l’école, aux apprentissages. Il va falloir recréer ce lien, le renforcer et optimiser le bien être de chacun.e dans son parcours scolaire.

 

Si l’on se réfère aux recommandations d’experts tels que la Commission d’Avis sur les Écoles de Devoirs, le Délégué général aux droits de l’enfant ou encore l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse, nous pouvons aisément dire que si le confinement renforce les difficultés scolaires, les inégalités scolaires et peut engendrer des situations de démotivation voire de décrochage, le déconfinement  peut être le moment de proposer des aides concrètes.

Plus que jamais, dès le moment du déconfinement venu, les enfants et adolescents vont avoir besoin de retrouver des espaces pour des activités créatives, sportives, ludiques, culturelles et de vivre ensemble. Mais également d’un accompagnement scolaire. En effet, ils seront nombreux à avoir besoin de retrouver le goût d’apprendre et de découvrir. Quoi qu’on ait mis en place et proposé en ligne durant la crise, ces solutions virtuelles et/ou à la maison expriment leurs limites.

Nous devons donc nous interroger quant aux conséquences sur les enfants et les jeunes des mesures prises pour freiner la propagation du virus, telles que l’absence d’activités physiques voire même de sortie pour certains enfants depuis la mi-mars, ou encore le stress, l’anxiété, le déficit de socialisation, etc. C’est tout le bien-être de certains enfants qui a été ainsi touché de plein fouet.

Et comme l’écrit Coralie Vankerkhoven dans un article pour le CERE (Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance), la crise que nous traversons a renforcé les inégalités structurelles, sociales et scolaires. Nous n’avons pas attendu la crise du Corona pour les constater mais aujourd’hui elles sont criantes.  Et elle cite « les difficultés de parents solos, de ceux qui ne peuvent ou ne savent pas suivre la sacro-sainte continuité pédagogique, des familles claquemurées dans 50 m2 avec vue sur cour ».

Ainsi aujourd’hui, le nécessaire renforcement d’actions d’accompagnement éducatif, de lutte contre le décrochage scolaire mérite d’être reconnu comme nécessaire voire indispensable. Les dernières circulaires de l’Enseignement identifient différents publics d’enfants comme pouvant être « pénalisés » par le confinement ou en « difficultés scolaires », « qui auraient échappé aux démarches déployées pour maintenir le lien », ou encore « vivant des situations sociales compliquées ».

Aussi, il nous semble opportun de penser à des moyens à mettre en place afin de quitter la sphère du discours. Ne va-t-il pas falloir agir pour rassurer et soutenir les parents, les enfants et les jeunes, leur redonner confiance et sens dans les apprentissages, leur permettre d’être sécurisés et socialisés à nouveau, notamment ceux qui ne retourneront pas à l’école avant le mois de septembre ? L’école se mobilise tant qu’elle le peut mais devra sans aucun doute s’appuyer et créer des complémentarités avec les acteurs tels les écoles de devoirs, les AMO et autres associations de terrain. Les ressources des uns et des autres pourront être activées permettant une approche globale et un renforcement de la continuité éducative.

Ainsi La Commission d’Avis sur les écoles de devoirs insiste sur cette nécessité de s’appuyer sur les actions de chacun des acteurs et appelle à la mise en place de concertations, tant au niveau de l’établissement scolaire, qu’aux niveaux des entités fédérées mais aussi des communes avec, notamment, les acteurs de l’Accueil Temps Libre, de la Jeunesse, de l’Aide à la Jeunesse, de la Cohésion sociale.

Les communes peuvent donc venir en aide dans ce nécessaire plan d’action global au profit des enfants. Et nous pensons notamment aux mois d’été.

A Genappe en particulier l’école de devoirs arc-en-ciel ou celle de l’AMO Tempo ne bénéficient que de moyens humains, financiers et matériels limités et ne peuvent à elles seules venir en aide à l’ensemble des enfants concernés.

Il faudra travailler avec elles, les soutenir mais aussi mettre en place des partenariats avec d’autres acteurs.

Parallèlement, la mise à disposition de différentes infrastructures communales inoccupées (salles communales dans les villages, Centres sportifs, Centre culturel, bibliothèque, écoles, Monty…), pourrait être encouragée car leurs espaces permettent alors d’accueillir davantage d’enfants tout en respectant les normes en vigueur. Renforcé par le constat du déploiement solidaire dès les premiers jours du confinement, Ecolo Genappe #créonsdemain propose concrètement un programme d’action d’entraide scolaire au travers du parrainage d’enfants en difficultés par des citoyens bénévoles (professionnels ou retraités issus du milieu scolaire et/ou socioéducatif ou encore des étudiants) et ce durant au minimum les deux mois d’été. L’ouverture de salles au sein des villages rend l’accès aisé alors pour la plupart des enfants et des bénévoles qui deviennent des « parrains et marraines d’école ».

Une fois les besoins prioritaires identifiés, notamment pour les enfants dont la reprise n’est pas programmée (3ème, 4ème, 5ème primaires…), un programme d’accompagnement pour les élèves en difficultés pourrait alors être élaboré et proposé aux familles. Il permettrait par exemple la prise en charge de 1 à 2 enfant(s) par bénévole à raison de X heures/jour ou par semaine. Moyennant bien sûr le respect des exigences telles que le port du masque et la distanciation sociale.

Même si nombreux sont les enfants et adolescents qui peuvent se sentir concernés par ce plan local, soit parce qu’en difficultés soit parce qu’ils veulent retrouver le lien aux apprentissages, il serait réservé dans un premier temps aux enfants de primaire domiciliés et/ou scolarisés à Genappe qui compte une dizaine d’écoles primaires sur son territoire, peu importe le réseau.

Un tel plan a l’avantage de pouvoir se déployer grâce aux nombreux citoyens de la commune qui passeront leur été chez eux. Il a l’avantage aussi de ne nécessiter que peu de budget.

Il demande en effet davantage de travail de concertation avec les écoles ( et Centre PMS), les familles et les citoyens, de coordination et planification.

Cette forme d’accompagnement a aussi des bienfaits évidents sur la dynamique relationnelle et émotionnelle de l’enfant aidé. Mais également sur le bénévole qui se sent utile, valorisé dans cette période si particulière ou la question du sens de nous titille régulièrement.

 

Anne Beghin