Marc Reydams avec Hellow, un accélérateur de sobriété !

Belle rencontre que celle de Marc Reydams, un des fondateurs de Hellow à Bousval !

Dans un monde en quête de solutions durables et accessibles pour le logement, Marc Reydams et son entreprise Hellow se distinguent comme des pionniers de l’habitat léger et low-tech. Implantés à Bousval, ils défient les normes traditionnelles de la construction en proposant des Tiny House, des habitations compactes et respectueuses de l’environnement, à des prix abordables.

« Low-tech », « tiny house », des anglicismes qui méritent des explications, mais commençons par en savoir plus sur Marc Reydams.

Photo : Bernard Löwenthal et Marc Reydams

Marc a 38 ans, il est originaire de Vieusart et vit aujourd’hui à Baisy-Thy, ce qui lui permet d’aller travailler à vélo (comme d’ailleurs tous les employés de l’entreprise). Il est ingénieur civil en matériaux. Cette formation a été difficile pour lui parce qu’elle est trop axée vers l’industrie. Il a rapidement troqué le monde de l’industrie contre la quête de sens et d’un travail plus en accord avec ses valeurs.

A 38 ans, il a déjà une expérience professionnelle très variée. Il a d’abord été commercial dans une PME qui fait des panneaux photovoltaïques, puis est devenu indépendant et a fait des travaux en lien avec la pose de panneaux (couvertures de toiture,…), il a ensuite été cuisinier d’un restaurant à Bruxelles (malheureusement trop mal valorisé), il s’est alors tourné vers l’industrie en rejoignant Firestone Building Products, une filiale de Bridgestone qui fabrique des caoutchoucs pour membrane d’étanchéité dans les toitures. Une grosse boîte donc. Ça ne lui a pas plu, il pense y avoir vu la « face noire du monde ». Les gens n’y sont pas heureux. Le management se faisait par la peur… C’est alors qu’il a eu un déclic et a décidé de créer son propre environnement de travail.

Il se sentait interloqué par la politique de l’habitat. Il constatait que ses amis habitaient des maisons classiques fort consommatrices de ressources, comme nous sommes tous conditionnés à le faire. Et il avait envie d’apprendre à utiliser ses mains. Il a alors suivi une formation de 8 mois en construction bois avec le Forem de Libramont. Cela lui a permis de constituer un réseau et d’apprendre à dessiner avec des logiciels de structure bois. Un bon bagage pour commencer !

C’est en 2019 que Marc construit sa première Tiny House dans un garage. Il s’est associé avec Florent, un menuisier-charpentier très complémentaire, et avec Philippe, ingénieur civil lui-aussi qui apporte un côté visionnaire et optimiste à leur entreprise. Ils aiment travailler ensemble et ont choisi de créer une coopérative « Hellow » qui fonctionne selon le principe du low-tech.

Le concept low-tech au cœur de la démarche

Le concept du low-tech s’oppose à l’obsolescence programmée. Il cherche des solutions durables, utiles, accessibles en prix et en connaissance. Les solutions industrielles demandent beaucoup d’énergie, les solutions low-tech beaucoup moins.

Prenons l’exemple des toilettes sèches qui illustre bien la démarche low-tech. Le concept est facile à comprendre, simple à utiliser, solide (pas de problème de châsses qui coulent…), et génère du compost utile pour le jardin.

L’idée est de réfléchir à ses besoins réels auxquels l’industrie ne répond pas toujours correctement.

Un de leurs collègues a suivi une formation d’ingénieur low-tech en France (ca n’existe pas encore en Belgique mais l’UCLouvain y réfléchit), et met son expérience dans la construction des tiny house.

Les tiny house : un modèle d’habitat alternatif

Nous vivons une crise environnementale et du logement. La demande est immense et les constructions standards sont très chères (souvent plus de 400.000 €). L’habitat léger participe à l’atténuer, comme le font aussi les habitats groupés par exemple. En effet, il privilégie la qualité plutôt que la quantité (de m²). Les tiny house sont un type d’habitat léger comme le sont les yourtes ou les mini-houses.

Une tiny house est une petite maison de +/- 20 m², offrant un confort essentiel dans un espace optimisé. Leur faible consommation d’énergie et leur coût de construction abordable en font une solution attrayante pour les éco-citoyens et les personnes à budget limité.

Photo : une tiny house Pico

En effet, l’énergie nécessaire aux tiny house est nettement moindre que celle d’une maison traditionnelle. La consommation est très faible : +/- 10 € par mois de gaz, 2 m³ d’eau par mois, un peu d’électricité. On s’en sort avec 30 € par mois seulement !

Marc explique que c’est très chouette à vivre. Ils ont besoin de très peu de choses. Comme l’espace est restreint, ils doivent se limiter à l’essentiel. Chaque achat doit être réfléchi pour savoir où on va le mettre.

Une tiny house coûte +/- 80.000 € à la construction, +/- 100.000 € pour l’installation complète. Ce coût s’explique en partie par le fait que ces maisons doivent être reliées aux égouts, à l’électricité, à l’eau,… comme une maison normale, au même prix.

Hellow : une coopérative pour un modèle de travail différent

Hellow est une coopérative. Les profits sont collectifs, les décisions partagées et les salaires égaux. Cette approche favorise une ambiance de travail collaborative et transparente.

Ils travaillent avec peu de marge parce qu’ils veulent que l’habitat léger reste abordable. Ils ne prennent pas de marge sur les matériaux par exemple. La formation et la vente de matériaux low-tech complètent les revenus générés par la construction de Tiny House.

Ils privilégient l’utilisation de matériaux locaux et ils collaborent avec des acteurs de la région de Genappe comme la scierie de Bousval ou WoodStock à Court-Saint-Etienne.

Hellow fait le montage des tiny house dans leur bâtiment à Bousval puis les transporte et les installe. La construction sur site est possible mais plus compliquée.

Photo : une Tiny House en construction dans leur atelier

Hellow est nominé comme projet de l’année en économie sociale et circulaire.

La croissance de l’entreprise est forte passant de 3 personnes en 2021 à 10 en 2024, grâce à une forte demande. Ils ont beaucoup de candidats pour travailler avec eux, même bénévolement. En effet, beaucoup veulent apprendre à faire un habitat léger.

Les défis et les perspectives d’avenir

Il y a deux obstacles importants freinant la création d’habitats légers : le financement et l’urbanisme.

Les banques rechignent souvent à accorder des prêts pour des habitats légers, freinant ainsi leur développement. Des solutions alternatives, comme des prêts à taux réduits ou des aides publiques, pourraient faciliter l’accès au financement.

Au niveau urbanistique, l’acceptation de l’habitat léger par les autorités locales n’est pas toujours évidente. Des réglementations plus favorables et une sensibilisation accrue des élus pourraient encourager la construction de Tiny House. Aujourd’hui, cela bloque souvent parce que certains politiciens ne le trouvent pas esthétique et veulent qu’il soit caché (c’est arrivé dans notre commune) ou parce que cela attire des catégories de population moins favorisées (et payant donc moins d’impôts).

Néanmoins, des permis sont octroyés. Ça s’ouvre et devient plus fréquent. Espérons qu’après les prochaines élections communales, les collèges seront moins frileux pour ce type d’habitat.

Malgré les obstacles, l’habitat léger a le vent en poupe. Hellow, avec son approche innovante et son engagement, est bien placé pour jouer un rôle majeur dans la transition vers un habitat plus durable et accessible.

Conclusion

Marc Reydams et Hellow incarnent une nouvelle génération d’entrepreneurs qui repensent l’habitat en mettant l’accent sur la sobriété, l’accessibilité et le respect de l’environnement. Leur modèle coopératif et leur engagement local font d’eux des acteurs clés dans la construction d’un avenir plus durable pour nos communes.

 

Bernard Löwenthal et Olivier Fiévez