Le Tour Vert : une activité constructive et participative
Comme chaque année à l’occasion de la rentrée politique, Ecolo Genappe organise un événement à destination de ses sympathisants et des citoyens. Une masse critique et ludique inaugurait cette année particulière, à un an des élections communales.
En un beau dimanche d’octobre, très (trop…) chaud pour la saison, nous avons eu la chance de faire un « tour vert » à vélo dans notre belle commune. Si en soi, rouler ensemble dans nos villages et dans la campagne est une chouette expérience, notre objectif était aussi d’expliquer les enjeux de l’aménagement du territoire et de la mobilité.
En effet, l’aménagement du territoire est un de nos trois thèmes prioritaires pour les prochaines élections. Entre ville et campagne, considérée comme semi rurale, il est temps que notre commune s’affirme et décide de son évolution. L’aménagement du territoire doit se faire au profit de la biodiversité, de la nature, de l’adaptation au changement climatique, de la mobilité active… des citoyens et de leur avenir !
Pour notre groupe politique, le « tout à la voiture » doit cesser. Nous voulons des rues où on peut marcher et se déplacer en vélo en toute sécurité, et où, tous, pourront cohabiter. Chaque village aura son site de voitures partagées. Les voitures partagées privées seront encouragées. Les parkings vélos seront démultipliés. Les vélo-bus expérimentés Etc.
Pour expliquer nos idées, rien de tel que des exemples. Nous nous sommes donc régulièrement arrêtés durant cette balade pour montrer les bonnes et moins bonnes choses existantes ou en projet sur notre commune, de manière optimiser la compréhension des enjeux. En une boucle de 17 km, il est déjà possible d’appréhender énormément de sujets et de susciter des réactions citoyennes.
La place de la Gare ou le nouveau centre de Genappe ?
Nous sommes partis de la place de la gare, au bord du Ravel. Inauguré en septembre 2011, le Ravel Nivelles-Genappe-Ottignies est une chance pour notre commune. Cet endroit, proche de là où se trouvaient le château du Lothier, et la gare, va devenir encore plus central dans le futur. En effet, le développement du site de l’ancienne sucrerie va générer de nouvelles activités qui vont fortement modifier le centre de la commune.
Photo: Anne Beghin, Catherine Olbrechts, Thierry Ferracin et Bernard Löwenthal
Même si les plans ne sont pas encore publics (ni définitifs ?), nous savons qu’il y aura en tout cas deux écoles secondaires (le site accueille déjà l’école Nespa, une école du réseau libre devrait y ouvrir ses portes aussi), une zone d’activité économique pour petites et moyennes entreprises (ça manque vraiment à Genappe), du logement, une crèche, le tout à côté de la réserve naturelle. Avec le lotissement Matexi, c’est près de 800 habitants qui vivront à terme dans cette zone.
La place de la gare, une espèce de méga parking aujourd’hui (parking de la gare – terrains de balle pelote – parking du Carrefour), deviendra donc le lieu central de la ville. Elle mériterait d’être repensée en un lieu plus accueillant, plus vert.
Les impacts sur la mobilité y seront aussi très importants. L’atout du Ravel c’est de favoriser l’accès à vélo. Mais la circulation automobile, déjà encombrée aux heures de pointe, risque de fortement augmenter. La majorité actuelle n’en tient pas du tout compte aujourd’hui. Le plan communal de mobilité devrait être revu d’urgence pour éviter des blocages dans le futur.
Notons toutefois deux bonnes nouvelles pour cet endroit. Le recypark devrait déménager, l’INBW y travaille. Cela dégagera le site. Reste à voir pour y faire quoi bien entendu. Et la commune a décidé de réaménager la voirie en face de l’école Nespa. Ce réaménagement nous semble bien pensé avec par exemple la première rue cyclable de la commune (c’est une rue où le cycliste a priorité).
L’ilot Mintens enfin ?
L’ilot Mintens est intégré dans le périmètre de rénovation urbaine depuis toujours. Mais, si les autorités communales parlent de la revitalisation de cet ilot depuis plusieurs décennies, rien n’a été réalisé si ce n’est l’achat des bâtiments insalubres. Il semble toutefois qu’un projet se concrétise qui amènerait du logement (appartements en rez+2), du commerce et bien sûr des parkings, le MR considérant qu’il en manque encore et toujours (ce n’est absolument pas notre avis). Malheureusement, pour des raisons financières compréhensibles, certains bâtiments comme l’église évangélique n’ont pas pu être achetés et resteront donc en l’état.
Une bonne nouvelle en tout cas est que l’ouverture vers le parc de la Dyle, poumon vert de Genappe, sera enfin refaite. D’autant plus intéressant que le parc de la Dyle sera réaménagé grâce à l’action de la CLDR (commission locale du développement rural – commission mixte avec des citoyens).
Au niveau mobilité, on peut regretter que la rue de Charleroi ne soit pas mise à double sens pour les cyclistes. Pour nous, il faudrait être plus réaliste et ambitieux et mettre cette rue, comme plusieurs autres, en voirie partagée. Ce type de rue tolère les voitures mais elles n’y ont plus la priorité.
La plaine communale, un pôle sportif intégré et connecté avec le reste de la commune ?
On peut parler de pôle sportif de notre commune, avec bien entendu le centre sportif, le nouveau terrain de basket, mais aussi la future piscine rénovée et couverte, et enfin le futur club de tennis et de paddle. On peut bien sûr regretter l’imperméabilisation de cette prairie, de nouveaux bâtiments, le bruit que cela risque de provoquer,… Mais cet endroit nous semble nettement plus adapté que les deux précédents qui avaient été proposés (le parc de la Dyle et un endroit peu accessible à Vieux Genappe) notamment par le regroupement de différents sports en un seul lieu central.
Nous pensons que Genappe mérite d’avoir une infrastructure de tennis/paddle afin de compléter son offre sportive auprès d’une population en augmentation (nouveaux logements, nouvelles écoles,…).
La plaine communale devrait être accessible dans les deux sens par l’arrière (en venant par le centre Croix-Rouge). C’est facile à mettre en place pour les cyclistes, moins pour les voitures mais on devrait y réfléchir pour décharger le trafic vers le centre.
L’accès aux écoles, une priorité
Pour parler de la problématique de l’accès aux écoles à vélo, notre tour vert passait par l’école de Ways. En venant de Genappe, c’est bien simple, il n’y a aucun aménagement en place. Le carrefour lui-même devant l’école est dangereux pour des cyclistes, surtout des enfants. La circulation est censée être à 30km/h mais les aménagements n’incitent pas à respecter cette vitesse.
L’absence de prise en compte des cyclistes est malheureusement trop fréquente même près de nos écoles. Cela doit être une priorité dans les aménagements futurs !
Par ailleurs, nous proposons d’envisager l’accessibilité aux écoles via des vélo-bus : regroupement des élèves par quartier pour se déplacer ensemble, encadré, en sécurité.
Les bi-bandes, un aménagement nécessaire
Nous avons emprunté les deux bi-bandes construits sur la commune : l’un permettant de relier Baisy-Thy au Ravel, l’autre reliant Houtain-le-Val à Loupoigne et au Ravel. Même si certains regrettent le béton dont ils sont faits, ces bi-bandes sont des voies très confortables pour les cyclistes qui y sont tout à fait en sécurité. Il n’est évidemment pas possible d’en créer partout, mais c’est certainement une option pour d’autres endroits.
Les pistes cyclables, oui mais en nombre toujours insuffisant
Si certaines sont très confortables, d’autres le sont beaucoup moins. La piste cyclable de la rue Longchamps est un très bon exemple. Elle est large et en excellent état mais malheureusement, l’aménagement au rond-point des Deux Saules est dangereux surtout pour aller vers l’école de Baisy-Thy.
Beaucoup de nos rues ont droit à des peintures sur le côté pour suggérer un espace pour les cyclistes. Ça ne change pas grand-chose pour la sécurité des cyclistes, et à certains endroits ça n’a même aucun sens (voirie pas assez large pour une voiture et un vélo par exemple).
Nous avons aussi emprunté la piste cyclable de la N93. Elle est en bon état mais la circulation automobile, extrêmement rapide, est très proche ce qui est insécurisant.
Le futur service travaux
La commune doit trouver rapidement une solution pour déménager le service travaux. En effet, il se trouve aujourd’hui en partie sur le site de la sucrerie qu’il doit quitter, et les bâtiments rue Berger sont en très mauvais état. Nous sommes alignés sur ce constat.
Le collège a fait une estimation de la surface nécessaire. Ils parlaient de plus de 5 hectares sans que personne n’ait jamais compris d’où sortait un tel chiffre ! Étonnés de cette surface qui nous semblait démesurée, nous nous sommes renseignés et avons constaté que la plupart des communes avoisinantes utilisaient 1 à 1,5 hectares. Par ailleurs, l’idée initiale du collège était de trouver ces 5 hectares en expropriant des terres agricoles. Une telle intention était tout simplement inadmissible.
Différents endroits avaient été envisagés, tous suscitant des réactions fortes.
C’est alors que l’opportunité de l’ancien dépôt du Brico à Ways est arrivée. Le coût est loin d’être négligeable, quelques 800.000 € auxquels s’ajouteront les coûts de destruction et dépollution qu’on ne connaît pas. Mais au moins, on n’impactera pas de zone agricole et il y aura un chancre en moins.
Vivement le stop béton ! Une évidence qui tarde à s’imposer…
Il y a beaucoup de projets de lotissements à Genappe. Nous nous sommes arrêtés devant la prairie en face de l’école de Baisy-Thy. Elle est en zone à bâtir. Et un projet de 7 habitations vient d’y être rejeté. Mais le propriétaire va revenir à la charge.
Il est malheureusement difficile d’empêcher que ce superbe endroit soit construit. La législation ne permet pas de le faire, sauf en achetant le terrain (mais l’impact sur les finances communales serait énorme). Il est dommage que le stop béton prôné par Ecolo ne soit pas encore effectif. Il ne le sera qu’en 2050. Rénover et adapter les bâtiments, plutôt que démolir ou construire du neuf, cela sonne pourtant comme une évidence environnementale.
Une belle journée !
En conclusion, on peut dire que nous avons passé une journée riche et très intéressante. La balade s’est achevée par un excellent buffet de fromage essentiellement locaux dans une chouette ambiance. L’occasion de débriefer ensemble à propos des bonnes choses (les bi-bandes,…) et des moins bonnes.
Pour faire de Genappe une commune du futur, adaptée au réchauffement climatique et à ses conséquences, le chantier reste énorme. Sa mise en œuvre ne sera possible qu’avec de la volonté et du courage politiques. Les potentialités de notre territoire sont insuffisamment exploitées. Et les nécessités d’une mobilité entièrement revisitée sont grandissantes. Il est temps de faire la part belle à une mobilité multimodale, active, mais aussi à de réelles connexions entre les quartiers et les villages.
Bernard Löwenthal et Anne Beghin