5 décembre 2019

Le projet de rénovation de l’Espace 2000

Rénover l’Espace 2000 est un projet majeur qui demande le temps de la concertation, de la réflexion et des projections. Nous demandons au collège communal de se remettre autour de la table et d’y inviter le plus grand nombre.

Il y a un point sur lequel tout le monde semble maintenant s’accorder au sein de notre commune : le gaspillage énergétique et économique du site de l’Espace 2000 doit cesser.

Pour les habitants et les membres de notre formation qui se penchent sur ce sujet depuis de nombreuses années, cette prise de conscience est aujourd’hui unanime et on s’en réjouit.

Il y a quelques mois, nous avions soutenu le programme de transition énergétique RenoWatt, une aide qui nous aiderait à sélectionner les bâtiments dignes d’intérêt à la rénovation.

Rappelons qu’il y a quelques semaines, après l’interpellation d’un citoyen au Conseil communal au sujet des bâtiments du site de l’espace 2000, le bourgmestre et l’échevin de la transition énergétique soutenaient, durant la séance, que ces bâtiments avaient une bonne isolation.

L’étude de RenoWatt – dont nous soulignons ici le travail qualitatif -, leur a permis de revoir leur position et de prendre conscience des enjeux : l’ensemble des bâtiments de l’espace 2000 et, en particulier, les préfabriqués en place depuis bientôt 60 ans sont terriblement énergivores et cette situation n’est plus tenable. Rappelons que ces bâtiments préfabriqués n’avaient qu’une vocation temporaire.

La majorité MR-CDH nous propose un plan d’action qui revient à isoler ces bâtiments. Bien sûr, les membres de notre formation ainsi que certains habitants avaient également envisagé cette option. Nous estimons aujourd’hui que ces bâtiments ont largement fait leur temps et doivent être abattus au profit de nouveaux bâtiments modernes, passifs et donc durables.

Malheureusement, la majorité n’a pas accepté revoir son projet, déjà présenté à la presse, et a donc décidé de continuer sans entendre nos arguments. Optant ainsi pour un passage en force de leur scénario.

Il y a pourtant beaucoup à dire sur leur projet…

Le manque de transparence

Commençons par la méthode observée par la majorité. Nous regrettons un travail isolé sans aucune concertation alors que l’on parle d’un site majeur : aucune implication du comité de suivi Pollec (objectif de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030), aucune implication de la commission de rénovation urbaine (alors que l’Espace 2000 fait bien partie du périmètre de rénovation urbaine), aucune implication de la CCATM, aucune implication des conseillers de l’opposition (qui ont même été informés par la presse !), et bien sûr, aucune implication des citoyens ou des entrepreneurs de Genappe !

Résultat : un projet sans aucune imagination, se contentant de pérenniser les bâtiments provisoires placés dans les années 60. Et cela, sans se poser la question d’alternatives plus intéressantes pour l’avenir de Genappe et de ses habitants.

Une vision économique insensée

Après un rapide calcul de retour sur l’investissement, nous constatons que les investissements en panneaux photovoltaïques et l’isolation de l’Hôtel de ville valent la peine (13 et 10 ans) et sont donc logiques. L’isolation de la salle polyvalente serait rentabilisée au terme de 26 ans. C’est beaucoup, mais le coût de sa reconstruction serait trop importante, et nous pensons donc que cela a du sens de l’isoler.

Par contre, pour la crèche, le service travaux, la bibliothèque et l’académie, on parle de 31 à 53 ans d’après les chiffres de RenoWatt. Et cela pour des bâtiments qui auront une durée de vie de 20 à 30 ans, toujours selon RenoWatt. Quel sens cela a-t-il ? En tout cas, aucun économiquement ! Curieux choix pour un parti qui se dit attentif à une bonne gestion financière…

L’investissement financier prévu pour le volet isolation (1,3 million) ne tient pas la route. C’est comme appliquer un gros sparadrap pour résoudre temporairement le problème créé par des bâtiments qui ont largement dépassé leur durée de vie.

L’amiante ou la dimension négligée

Surprise lors du Conseil communal suite à une question de l’opposition. Tel que l’on pouvait s’en douter, il y a de l’amiante dans les préfabriqués. Et pas qu’un peu ! Il y en a dans les plafonds, dans la toiture et dans les murs !

A quelles autres surprises ou négligences devons-nous encore nous attendre dans quelques semaines – quand un examen approfondi sera enfin réalisé sur la qualité réelle des bâtiments du site ? Une contre-expertise paraît nécessaire, avec un examen précis d’échantillonnage des matériaux composants tous les bâtiments (des mini caméras peuvent aussi être utilisée dans les toitures, combles, coulisse de mur, …).

Le coût de l’indispensable désamiantage n’est pas pris en compte dans les retours sur investissements évoqués ci-dessus. La situation est donc encore pire ! Garder ces bâtiments a encore moins de sens !

L’alternative proposée : un site moderne et durable

Avec l’aide de citoyens, nous avons élaboré un plan crédible et plus global qui s’appuie sur l’étude réalisée par RénoWatt et qui s’inscrit dans une transition énergétique indispensable. Le réaménagement de l’Espace 2000 doit bénéficier d’une vision complète de l’avenir du centre-ville.

Notre plan se décline en 4 axes :

  1. Appliquer dès à présent les recommandations du bureau d’étude RenoWatt concernant uniquement :
  • L’isolation de l’Hôtel de Ville et de la salle polyvalente
  • un réseau de chaleur limité à l’école, l’Hôtel de Ville et la salle polyvalente avec une nouvelle chaufferie redimensionnée. Il faudrait aussi envisager d’y intégrer le commissariat de police et la conciergerie qui n’ont curieusement pas été pris en compte, alors que les transferts budgétaires annuels vers la zone de police font partie des dépenses ordinaires communales toujours en croissance.
  • des panneaux solaires sur les trois bâtiments concernés ci-avant et en ajoutant aussi sur la toiture plate de la salle de sport qui bizarrement n’en comporte aucun !
  1. Réinstaller certaines activités (ALE – maison de l’emploi, CESEP, crèche,…) dans le centre-ville. Cela permettrait de redynamiser le centre dont ses commerces et d’être au plus près de la population.
  2. Reconstruire de manière phasée un ou plusieurs bâtiments aux nouvelles normes énergétiques et sur plusieurs niveaux qui accueilleraient académie de musique, bibliothèque et services communaux dans de meilleures conditions de travail.
  3. Intégrer du logement et du tertiaire sur l’Espace 2000. L’Espace 2000 deviendrait ainsi un espace de vie à part entière et non pas rester comme actuellement une cité administrative déconnectée. Cette reconstruction pourra alors s’envisager en mode partenariat public-privé. Cela valoriserait les nombreuses surfaces inoccupées de l’Espace 2000, situées en zone de rénovation urbaine, et à densifier. Et cela au profit du financement de ce projet.

Ce scénario affirme ainsi une vision globale incluant une lutte efficace contre le réchauffement climatique et propose d’inclure le plus grand nombre dans son élaboration définitive plutôt que de réaliser un travail isolé et risqué. Ce plan initie enfin une vraie transition énergétique sur notre commune.

Conclusion : l’entre-soi, la posture à éviter

En tant que responsables politiques, nous nous devons de souligner qu’il y a moyen de faire beaucoup mieux que gaspiller l’argent du contribuable pour isoler des vieux bâtiments obsolètes, en dépit du bon sens. Nous exigeons dès lors que nos élus acceptent de reconsidérer leur position pour prendre le temps de bien réfléchir à ce qui pourrait être fait dans l’intérêt de Genappe et de ses habitants. Nous espérons que ceux-ci appuient aussi cette demande. L’ensemble de cette réflexion doit bien entendu se faire avec l’opposition, les commissions et les habitants de Genappe. Et pas seulement entre élus de la majorité… surtout lorsqu’en campagne on prône la participation… La gestion du bien commun local, tel l’avenir de l’Espace 2000, n’exige–t-elle pas que chaque formation politique sorte de son microcosme ?