Le Pot-Agé Fleuri : Une Fleur de Résistance

Le Pot-Agé Fleuri, c’est bien plus qu’une simple exploitation agricole. C’est une aventure humaine, un pari pour une agriculture respectueuse de l’environnement et un modèle économique alternatif. Situé Haute Rue 54 à 1473 Glabais, ce projet mené par Florence Stange et Sébastien Degraux, offre une vision renouvelée de la floriculture.

Photo : Florence Stange et Sébastien Degraux dans leur magasin de Glabais

Une agriculture écologique et durable

C’est en 2018 que Florence décide de démarrer avec un projet respectant l’environnement. Elle se lance alors dans le maraîchage écologique; comme elle avait aussi envie de faire un peu de brocante, elle choisit le nom de Pot-Agé Fleuri pour son entreprise.

Pendant le covid, la demande a été très bonne et lui permettait de vendre sa production à Glabais sans problème. Malheureusement, elle a subi une très forte chute de la demande après la crise covid, comme tous les maraichers de la région d’ailleurs. La concurrence des take away et des restaurants a fait que beaucoup ont arrêté d’aller chez les producteurs locaux (nombreux dans notre région). Elle a alors été contrainte de jeter des brouettes de légumes ce qui a été très dur à vivre psychologiquement.

Fin 2022, elle décide d’arrêter la production et la vente de légumes et de revenir à ses premiers amours, la fleuristerie mais en produisant elle-même ses fleurs !

Aujourd’hui, elle, et son mari venu la rejoindre entretemps dans l’aventure,  en sont à leur deuxième saison florale. Les fleurs sont plus rémunératrices à l’are que les légumes grâce au fait qu’elle les travaille elle-même pour son propre magasin.

Aujourd’hui, Florence et Sébastien utilisent 30 ares de terres pour produire des fleurs coupées. Cette surface est suffisante pour couvrir leurs besoins actuels.

Les méthodes utilisées sont respectueuses de la biodiversité : cultures 100% naturelles, compostage des déchets verts, récupération de l’eau de pluie (ils consomment 1000 litres tout les 2 jours pour arroser leurs deux serres), lutte naturelle contre les ravageurs,…

L’objectif est clair : produire des fleurs de qualité tout en préservant les ressources naturelles.

Un superbe magasin

Le côté visible du Pot-Agé fleuri, c’est bien sûr leur magasin situé Haute Rue 54 à Glabais. On y trouve entre autres, de superbes bouquets réalisés par Florence avec les fleurs issues de leur production (et parfois quand ils n’ont pas le choix, des compléments venant des champs de fleurs des environs). En hiver, en Belgique, il n’y a plus de fleurs ! Ils proposent alors des montages de légumes très originaux ou des bouquets de fleurs séchées ou des Terrariums faits maison. Il y a donc toujours une solution pour embellir nos maisons !

Les défis d’une agriculture 100% naturelle

La production de fleurs écologique n’est pas sans défis. La concurrence des fleurs conventionnelles, traitées aux pesticides (jusqu’à 40 fois en agriculture traditionnelle !), est rude. Les consommateurs sont souvent méfiants face à la fleur non traitée, craignant qu’elle ne tienne pas aussi longtemps Le Pot-Agé Fleuri doit donc faire face à de nombreux obstacles :

  • La variabilité des rendements liée aux aléas climatiques et aux maladies. A cela s’ajoute le problème de la saisonnalité de la production. Ils ont beaucoup de fleurs en été et évidemment peu ou pas en hiver. C’est pourquoi ils diversifient leurs ventes en proposant des fleurs séchées, des terrariums et des bouquets de légumes.
  • Un travail intensif : La production de fleurs demande beaucoup de travail : semis en mars (pas possible plus tôt sans tapis chauffant), repiquage, plantations, mettre des bâches anti-grêle, des arceaux et des filets, chasser les limaces (ils peuvent en  supprimer à la main plus de 1000 sur une nuit !), entretenir, cueillir,… A cela s’ajoute le travail de fleuristerie qui varie fortement avec les événements comme la fête des mères, les communions, mariages,…
  • La crainte des clients et des professionnels sur la durée de vie des fleurs non traitées, ni avant, ni après la récolte (pas de produits figeant,…). Pourtant, leurs fleurs tiennent au moins aussi longtemps que celles issues de l’agriculture conventionnelle. En effet, elles ne doivent pas voyager sur de longues distances en avion réfrigéré et elles ne passent pas par des frigos donnant des chocs thermiques importants aux fleurs. Chez eux, les fleurs sont récoltées le soir ou tôt le matin, passent quelques heures dans l’eau à température ambiante et sont mises en vente très rapidement (dans les 12h-24h suivant la récolte).
  • La difficulté à fidéliser les clients qui privilégient souvent les habitudes souvent par méconnaissance des saisons florales (comme acheter des roses  à la Saint-Valentin,  même si c’est hors saison, et tant pis si elles viennent d’Afrique par avion !
  • Le manque de visibilité : Si la ferme est bien située, près des grands axes de circulation, elle n’est pas située dans une zone de commerces et les clients fleuristerie rechignent parfois à faire le petit détour pour y accéder.

Le mouvement Slow Flower

Le Pot-Agé fleuri fait partie du mouvement Slow Flowers qui regroupe des producteurs de fleurs belges qui travaillent selon le principe slow : laisser le temps à la nature de faire pousser les plantes, ne pas traiter,… Ils sont une vingtaine de producteurs en Wallonie (il y en a plus en Flandres mais ils sont séparés).

Le mouvement leur apporte de la publicité, de l’expérience (ils sont tous confrontés aux mêmes problèmes), de l’intelligence collective, du partage de stagiaires,…

Un modèle économique alternatif

Leur plus grande difficulté est de pouvoir vendre leur production toute l’année. Ils n’arrivent pas encore à une rentabilité suffisante. C’est pourquoi, le Pot-Agé Fleuri a développé un modèle économique original :

  • La vente directe aux particuliers via leur magasin et sur les marchés. Leur magasin est ouvert les jeudi et vendredi de 15h à 18h30, le samedi de 10h à 18h30 et le dimanche de 10h à 13h. Il est très difficile d’ouvrir plus parce qu’ils doivent aussi travailler à la production.
  • C’est pourquoi, en dehors de ces horaires, il est possible d’acheter un bouquet dans leur distributeur original en libre-service (étal à rue) devant leur magasin. Cela leur sert en même temps de vitrine puisque le magasin est peu visible de la rue. Le concept repose sur la confiance ce qui n’est malheureusement pas toujours respecté. Ils ont connu des problèmes de vols mais ça va mieux aujourd’hui. Le concept est apprécié par tous, c’est très rapide et facile !

  • La fourniture de fleurs à d’autres fleuristes. Ils l’ont fait avec plusieurs fleuristes, mais ça ne suffisait pas. Le problème est qu’il faut faire beaucoup de déplacements pour livrer ce qui n’est pas très écologique lorsque l’on multiplie les fleuristes. C’est pourquoi, ils viennent de commencer à travailler avec un grossiste, Agora Nivelles. Celui-ci souhaite offrir une offre plus durable à ses clients. Agora leur octroie une place deux fois par semaine dans ses locaux, où ils mettent en avant leur production 100% naturelle. Cela permet à Agora de faire rentrer la fleur locale et propre dans le monde de la fleuristerie traditionnelle.
    C’est un nouveau débouché pour avoir une demande plus régulière. Le départ semble très positif, leurs fleurs sont bien reçues par les professionnels et Agora est heureux de leur présence.

Un projet social et solidaire

Au-delà de l’aspect agricole, le Pot-Agé Fleuri est un projet à fort impact social. Ils travaillent en effet avec des personnes en demande de réinsertion en collaboration avec les ASBL Nos Oignons, centre de santé mentale de la clinique d’Ottignies, et Vache et Bourache (CPAS de Ittre). Cela leur apporte une aide avec en échange une activité pour ces personnes qui en ont besoin.

Ils soutiennent aussi des initiatives locales et en s’inscrivant dans des réseaux de producteur écologiques, ils contribuent à créer du lien social et à dynamiser le territoire.

 

L’avenir du Potager Fleuri

Malgré les défis, l’équipe du Pot-Agé Fleuri est déterminée à poursuivre son aventure. Les objectifs sont ambitieux :

  • Atteindre l’autonomie totale en fleurs car actuellement pour certaines variétés de fleurs de printemps, ils sont encore contraints de se fournir aux champs de fleurs locaux.
  • Réduire l’usage de semences hybrides au maximum pour certaines variétés, ils sont contraints d’acheter des semences et certaines ne se trouvent qu’en type hybride (qui ne permet pas le réemploi des graines des fleurs).
  • Développer de nouveaux partenariats avec des fleuristes, des restaurateurs et des organisateurs d’événements comme notre commune.
  • Sensibiliser le grand public aux enjeux de l’agriculture écologique et naturelle et à la beauté des fleurs de saison.

La commune peut leur apporter de l’aide en les soutenant, en communiquant, en mettant les producteurs locaux en avant, en commandant chez eux… Comme il n’y a que deux fermes florales en Brabant wallon, la Province pourrait aussi les considérer dans leurs achats de bouquets et montages.

Le Pot-agé Fleuri est un modèle inspirant pour tous ceux qui souhaitent concilier production agricole, respect de l’environnement et solidarité.

N’hésitez pas à essayer leurs bouquets et leurs montages ! Vous ne serez pas déçus par la qualité de ceux-ci et vous contribuerez à la réussite de cette entreprise respectueuse de notre environnement.

 

Olivier Fiévez et Bernard Löwenthal