La Maison Beghin, un bâtiment public abandonné par la ville de Genappe
Le 21 décembre 2020, Ecolo Genappe #CréonsDemain adressait au collège de Genappe différentes questions concrètes concernant l’avenir de la Maison Beghin.
La réponse reçue à l’époque était très laconique « Les questions que vous posez sont très pertinentes (…) Le collège n’a pas encore pris position sur cette question (…) La réflexion que nous menons est plus large (…) Nous ne manquerons pas de tenir le conseil communal informé des orientations qui seront prises ».
Le temps passe, la dégradation se poursuit
3 années ont passé depuis et le collège communal n’a jamais présenté les perspectives envisagées pour ce bâtiment.
Entretemps ; il continue à se dégrader. Pourtant, la ville en est propriétaire depuis 40 ans puisqu’elle l’a acheté en 1984 pour la somme de quelques 6 millions de francs belges. Un investissement public (payé par nos impôts) pour lequel le minimum aurait été d’assurer l’entretien, les restaurations et rénovations nécessaires. En tant qu’autorité publique, la ville devrait être exemplaire dans la mise aux normes du bâtiment, d’autant plus que le rez-de-chaussée est encore occupé.
Petite histoire…
Le bâtiment dit « Maison Beghin » avec son immense parc, son jardin et sa dépendance à l’arrière furent achetés par la Ville en 1984 afin d’y aménager une plaine communale destinée aux sports et à la culture. Pendant plusieurs années, un chapiteau y fut installé en septembre et plus tard, une piste d’athlétisme, un hall omnisports et une petite piscine à ciel ouvert y furent construits. Quant au bâtiment, il devint le siège du Foyer Culturel puis du Centre Culturel de Genappe et enfin de la récente Maison des Jeunes, jusqu’à ce que celle-ci intègre ses nouveaux locaux au 38. Actuellement seul le rez-de- chaussée est encore occupé dans le cadre du projet « Vitrin’ des créateurs » sous l’encadrement du 38. Durant des années, cette maison ne fut guère entretenue et à part de nouveaux châssis à certaines fenêtres et quelques pots de peinture, elle est restée en l’état que nous lui connaissons tous aujourd’hui.
Anciennement une très grosse ferme, elle fut toujours occupée par différentes familles, dont celle de Pierre Rosart, bourgmestre de Genappe et propriétaire de 15% de la ville en 1633. Après lui, la famille Dupuis l’occupa pendant près d’un siècle et transforma le corps de logis en une auberge/hôtel à l’enseigne prestigieuse Auberge du Prince Eugène. En 1925, la maison devint le siège de l’étude notariale de Maître Eugène Beghin qui exerça jusqu’en 1967.
Ce vaste édifice, sain, robuste, historique et situé au cœur de la ville fait partie du patrimoine immobilier et culturel de la Ville. Au même titre que d’autres bâtiments de Genappe la « Maison Beghin » fait partie de l’héritage et de l’histoire tant de la commune que de ses habitants. Or, de plus en plus souvent, nous entendons des propos alarmants au sujet de son avenir. Et nous déplorons que le bâtiment continue de se dégrader. Et ce dans le plus grand silence du collège communal.
Avec l’ensemble des forces politiques de l’opposition nous ré-interpellons donc le collège
Nous avons posé les questions suivantes au Collège (nous n’avons pas encore eu de réponses au moment d’écrire cet article) :
- Cela fait bientôt 40 ans que la ville de Genappe est propriétaire de cette maison, acquise avec de l’argent public. En 40 ans pouvez-vous nous énumérer les travaux de préservation du bâtiment réalisés par la ville ?
- Aujourd’hui, en 2023, à quoi destinez-vous ce bâtiment ? Une vente ? Une démolition ? Sa conservation ? Avant toute chose, ne conviendrait-il pas d’examiner toutes les pistes avant qu’une décision funeste ne soit prise pour cette maison dont la présence est ancestrale au cœur de la cité (cette maison apparaît d’ailleurs sur beaucoup d’anciennes cartes postales du centre de Genappe) ? Elle fait partie intégrante de la vie de Genappe.
- Si le but du Collège est la démolition, dans combien de temps et quelles en seraient les raisons profondes ?
- Si par contre le Collège souhaite le conserver, quelle serait sa ou ses nouvelles affectations ?
- Le Collège pourrait-il envisager de vendre la maison à un promoteur ou à un particulier ?
- Le Collège pourrait-il envisager de céder cette maison au CPAS afin de la réaffecter en projets sociaux ? En maison des citoyennetés ? Ou autres ?
- Pourquoi le Collège n’instruirait-il pas un projet de réaffectation de ce bâtiment dans le cadre de la rénovation urbaine ?
En conclusion
Investir dans le patrimoine et la restauration d’un tel bâtiment n’est jamais à perte. En effet, son image au cœur même de la cité mérite un réel investissement à l’instar du n° 38 rue de Bruxelles (Pôle culturel) ou de la cafétéria du stade J.C Flament ou de la place de Bousval ou du bâtiment du CPAS ou de l’Espace 2000 ! En cette époque tourmentée, de changement,… où la solidarité semble être un moteur pour l’avenir, il semble qu’un tel bâtiment pourrait bénéficier d’une seconde jeunesse et être en phase avec les défis qui s’imposent à nous.
Sur le long terme nous soutenons donc les nombreuses demandes de réhabilitation de ce bâtiment public. Ces demandes s’étaient exprimées notamment au travers d’une pétition citoyenne qui a récolté plus de 400 signatures en 2021.
N’oublions pas qu’un des enjeux de la rénovation urbaine est la valorisation du patrimoine plutôt que des choix faciles au profit de la modernisation.
L’intérêt pour le recyclage des bâtiments a augmenté au cours des dernières décennies. Cela est dû à un regain d’intérêt pour le patrimoine bâti, mais aussi aux préoccupations environnementales. Aujourd’hui, la reconversion des espaces bâtis existants doit donc être privilégiée. Ce qui nécessite un peu voire beaucoup de courage politique.
Anne Beghin
Ludivine Brocca
Charlotte Laureys
Bernard Löwenthal
Benoit Moreau
Conseillers communaux