Genappe, en route vers une alimentation locale et durable
Enfumage, greenwashing, rêve ou réalité ?
En rejoignant les signataires du Green Deal Cantines durables, Genappe s’engage à mener une politique contribuant à la transition vers un système alimentaire durable. Si le Green Deal vise les cantines de tous les milieux de vie, à Genappe ce sont prioritairement les cantines des crèches et écoles qui sont concernées aujourd’hui. Dans l’absolu par cantines durables on comprend que les enfants mangent des produits frais, complets, non transformés, locaux, de saison, de préférence issus de l’agriculture biologique. Cela signifie aussi une réduction des protéines animales, des circuits courts, une réduction de tous les emballages et du gaspillage.
Quand on pense à l’assiette Sodexo servie dans les écoles de Genappe depuis bientôt 8 ans et malgré les efforts de cet acteur majeur de la restauration collective, on ne peut que sourire. Ce Green Deal est évidemment un bon signal en faveur de la transition et de l’indispensable renforcement des liens entre agriculture et alimentation notamment. Nous ne pouvons qu’être favorables à cette adhésion. Cependant, nous sommes surpris car cela ne colle pas avec les choix et positions politiques du Collège. En effet, le manque de conviction observé et l’absence d’écoute tant des citoyens que de la minorité lors du travail d’élaboration du dernier cahier des charges du marché des repas scolaires cadrent peu avec la signature de cette convention.
Mais, au-delà de ces sérieux doutes nourris par l’attitude du Collège… depuis de nombreuses années, Ecolo Genappe #CréonsDemain veut croire à ce changement de politique. Parce qu’il est indispensable et respectueux du plus grand nombre de nos acteurs locaux : producteurs, enfants, parents. Parce que les bénéfices seront multiples : économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires.
Démarré en 2018 sous l’impulsion du ministre de l’environnement de l’époque, Carlo Di Antonio (CDH), le Green Deal « cantines durables » vise à recueillir l’engagement de plus d’un tiers de la restauration collective en Wallonie d’ici fin 2021, en termes de nombre de repas servis et de cantines impliquées. Ce Green Deal reprend des objectifs environnementaux, sociaux et économiques traduits en 6 axes :
– pour plus de produits locaux et de saison ;
– pour plus de produits respectueux de l’environnement et des animaux ;
– pour plus de produits équitables ;
– pour des repas sains, équilibrés et savoureux ;
– pour réduire le gaspillage et les déchets ;
– en faveur de l’inclusion sociale.
Ces axes de travail peuvent être déclinés de différentes manières, laissant une large marge de manœuvre aux différents signataires. Cette large manœuvre ne sera-t-elle pas trop large justement ? Parce que si des exemples d’actions concrètes sont proposées dans le cadre du Green Deal pour soutenir des choix cohérents et ambitieux, chaque signataire choisit les projets concrets qu’il souhaite développer en fonction des réalités de terrain rencontrées. Cela laisse sous-entendre que chacun s’engage dans la mesure de ses moyens et de ses possibilités… sans plus. Le Green Deal « cantines durables » n’est donc pas très contraignant. Cela renforce nos inquiétudes.
Concrètement, les objectifs et actions qui seront menés à Genappe doivent être communiqués par notre échevine à la Région Wallone d’ici le 8 mai. Nous regrettons l’absence de concertation avec les parents et avec la minorité politique alors même que les uns et les autres suivent ce dossier de près et ont déjà exprimés à de nombreuses reprises leurs souhaits. Sans concertation, comment notre échevine va -t-elle travailler pour être aux plus près des attentes ? Malgré l’absence d’un réel processus participatif, nous ne pouvons qu’encourager les parents concernés à lui communiquer leurs suggestions dans le cadre de ce projet.
Pour nous, il est évident que la seule façon d’inscrire notre commune dans une réelle transition serait d’être plus exigeant et plus ambitieux que le Green Deal. En ce sens la rédaction du prochain cahier des charges “repas scolaires” (2022) devrait être beaucoup plus contraignant dans l’élaboration de ses critères. Plastiques et aluminium devraient être bannis de nos écoles mais aussi de toutes nos collectivités. De même la mise en place – annoncée par notre Collège communal – d’une cuisine collective à Genappe devrait se faire bien avant la fin de la présente législature. Sans réelle avancée, il serait donc hors de question d’ajouter un label supplémentaire aux nombreux labels-trophées de Genappe… Au contraire, l’ambition, le courage politique et le changement doivent être au rendez-vous.
Anne Beghin