18 mai 2021

Genappe en avant, la nouvelle désillusion

Ecolo Genappe #CréonsDemain quitte le groupe de travail

En novembre 2020, notre groupe proposait au Collège la création d’un groupe de travail post covid ouvert aux citoyens et à la société civile.  Après avoir initialement refusé cette initiative, le Bourgmestre changeait de cap lors du conseil communal de janvier et la reprenait à son compte et à sa manière.  Nous avions certes des craintes sur la méthode proposée (sous-groupes pré-définis, sur-représentation du politique et de l’administration et absence des citoyens…) mais c’était finalement pour Genappe une bonne nouvelle.

Nous nous sommes investis sans compter dans ce processus. Plus de trente heures de réunions plus loin, nous devons constater la maigreur du bilan.  La simple lecture du Journal de Genappe suffit pour constater que pratiquement aucune idée nouvelle n’a été retenue.  A défaut de réinventer notre commune, nous aurions au moins espéré que quelques projets innovants émergent.  Il n’en est rien : « Genappe en Avant » n’est qu’un rhabillage de ce que la commune fait déjà, une opération de communication du Collège aux frais de la collectivité.

Comment en est-on arrivé là ?

1. Des objectifs trop éloignés des enjeux de la crise

Notre groupe a toujours mis en avant les publics et secteurs impactés fortement par la crise dont il faut se préoccuper dès le niveau local : les personnes isolées, les jeunes, les commerces, les indépendants, l’Horeca et la culture. Nous mettions aussi en évidence les enjeux que la crise a révélés. Et cette opportunité de la considérer tel un levier vers une vie communale autre, réinventée collectivement. Pour nous enfin, à crise inédite il faut des solutions inédites. Cela nécessite de travailler en intelligence collective, les uns avec les autres (plutôt que les uns contre les autres).

Dans le groupe de travail pour l’après covid lancé en février dernier, toutes les forces politiques en place se devaient d’être là, disponibles, à l’écoute et au travail. Tel était le cas. Trois mois après son lancement et au terme de 13 réunions, le constat est amer. A chaque instant nous prenons conscience que les objectifs mis en avant ne répondent pas aux besoins des publics les plus impactés . A plusieurs reprises, nous tentons de remettre ces priorités au cœur de la réflexion mais à aucun moment nous ne sommes entendus.

Quant aux citoyens, ils devaient être impliqués dans l’élaboration de solutions qui les concernent du début à la fin du processus. Ce n’est pas le cas non plus. Parce qu’à Genappe, les autorités se méfient de la participation citoyenne. Le dialogue  avec les citoyens est absent. En cause une méthodologie  autoritaire et  peu transparente plutôt que participative.

Les citoyens dont notamment les jeunes, s’ils ont été entendus – un peu – dans le cadre d’un état des lieux de leur situation, n’ont pas eu l’occasion de contribuer à la réflexion et à l’élaboration de solutions les concernant. Ce que nous avons pourtant rappelé et ce d’autant plus que les jeunes ont été considérés unanimement comme un des publics les plus impactés par la crise, qui a vraiment « payé » une lourde contribution à sa résolution.

Face à nos propositions, nous nous entendons dire qu’ il ne faut pas « ré-inventer » ce qui existe déjà, qu’il ne faut pas vouloir en faire trop ou qu’il faut surtout mieux communiquer sur ce qui existe.  Ce mauvais fil conducteur a été souligné par le bourgmestre d’entrée de jeu dès la toute première réunion. Dans pareil contexte, beaucoup de nos projets ont été refusés ou laissés en suspens, et ce, sans que l’on sache pourquoi. En effet il n’y a pas eu d’échanges, de débats ou de votes.  A aucun moment, il n’y a eu de volonté de fixer des objectifs au groupes de travail  qui établissent un lien entre les besoins des publics les plus impactés et les projets sensés y répondre.

2. Une méthodologie défaillante :

Notre groupe regrette que la dynamique collective passe au second plan :

  • la proposition d’engager un coordinateur de projet indépendant, neutre, professionnel et financé a été refusée ;
  • la démultiplication des investissements au travers de 3 sous-groupes est source de dispersion et d’inefficacité ;
  • le personnel administratif est fortement mis à contribution devant alors assurer une charge de travail supplémentaire ;
  • le manque de temps, de débats, d’échanges est flagrant
  • L’omniprésence du bourgmestre dans les débats bride les participants et réduit les échanges.

Nous espérions des réalisations d’envergure, innovantes, à la hauteur des enjeux de la crise. Nous constatons davantage de valorisation et de communication de ce qui existe déjà. Si cela s’avère nécessaire, c’est très insuffisant. Le Groupe de Travail est en quelque sorte un amplificateur de ce qui existe déjà mais le risque est d’avoir un programme peu innovant d’une part, peu adapté d’autre part.

Quant aux défis de la relocalisation économique, agricole, alimentaire…ils sont évacués.

Au final, la méthodologie est énergivore pour les participants qui s’y investissent sérieusement et pour l’administration et insuffisamment participative pour les citoyens.  Et si la méthode est mauvaise, comment espérer qu’elle porte des fruits ?

3. Des projets et activités éloignés des défis ?

Trois mois après son lancement, le groupe Genappe en Avant propose foisonnement d’activités « court termistes », immédiates, précipitées parfois mais dépourvues de vision à moyen et long terme. Et ne considère toujours pas suffisamment les 3 secteurs les plus impactés par la crise : la jeunesse, la culture et l’Horeca.

Place aux artistes, programme initié par la Province et orchestré par les communes, fera d’abord du bien aux citoyens et aux quelques artistes qui se produiront ponctuellement. Mais n’apporte pas les aides financières et logistiques demandées pour soutenir le deconfinement de la culture et de l’horeca de notre commune.

 

La crise était aussi un levier pour initier des transitions écologiques. Il n’en n’est rien non plus.

La sélection des idées est relativement arbitraire et peu transparente. Seul le collège semble décider et ce alors même qu’il est écrit dans son document initial « le comité de soutien et de réflexion valide les axes et projets ».

Ainsi, nous proposons une permanence téléphonique par une personne compétente et de la commune, cela est refusé. Concernant les enfants et les jeunes, 3 projets proposés par notre groupe n’ont pas été mis en débat ni repris dans les projets  retenus sans que nous en ayons d’explication :

  • l’organisation d’un service de tutorat scolaire pendant l’année 2021-22 ;
  • l’ouverture des écoles le samedi afin d’y proposer de la remédiation et ce peut-être pendant les deux années à venir ;
  • ouvrir et subsidier une école de devoirs communale, étant donné que ce secteur a été reconnu comme essentiel avec la crise et que celle-ci a sorti de l’ombre toute une série d’enfants en situation de précarité.

Quant au parrainage des enfants par des citoyens, proposé depuis plus d’un an par notre groupe, il est réduit à sa plus simple expression faute de moyens et fort de réflexions comme «  les enfants n’ont qu’une envie, c’est qu’on leur fiche la paix ». Nous voilà bien éloignés des recommandations d’experts comme par exemple le psychopédagogue belge, Bruno Humbeek, qui a pourtant bien exprimé la nécessité de ré enchanter les jeunes. Ces derniers ne méritaient-ils pas à Genappe un plan jeunesse d’envergure ? Concernant l’Horeca et la culture nos propositions concrètes ont été jugées hors cadre et/ou trop politiques :

  • la possibilité de se voir offrir des espaces publicitaires dans le journal de la ville ;
  • une réflexion quant au (re)financement du prochain festival Genappe perd la boule;
  • la mise sur pied d’un plan terrasse adapté à notre commune et ambitieux avec l’installation de terrasses sur des trottoirs et espaces de stationnement ; la mise à disposition de mobilier pour tous les établissement de l’Horeca ;
  • le financement de l’ensemble du matériel nécessaire à l’application des mesures sanitaires (gels, plexi, etc.).
  • réfléchir et proposer par exemple un partenariat avec le CPAS (les personnes inscrites comme article 60 pourraient-elles intégrer ces équipes aujourd’hui incomplètes) quand on sait que l’Horeca a perdu une partie de son personnel;
  • s’inspirer de Nivelles qui donne 2500 euros à chaque établissement d’Horeca.

En conclusion, le groupe Ecolo Genappe #CréonsDemain se retire du projet Genappe en Avant. La méthodologie adoptée ne laisse pas de place à ses propositions, ni à la participation encore moins à l’innovation. Au final, les maigres actions proposées  sont parfois bien sympathiques mais ne rencontrent pas les objectifs que la crise nous demandait de satisfaire.  La montagne mise en place par le Bourgmestre pour occuper l’espace médiatique a accouché d’une souris pour les habitants de Genappe.

En fait, ce n’est pas Genappe en Avant, mais plutôt Genappe comme Avant…

Anne Beghin