28 février 2021

EOLIEN à Genappe : De recours en recours, les engagements climatiques boycottés

Le conseil communal de février a décidé d’aller en recours au Conseil d’Etat contre le projet de 6 éoliennes (3 à Genappe et 3 à Nivelles) de la société Windvision, pourtant approuvé par les ministres Borsu et Tellier. La décision a été prise par les conseillers MR/CDH et PluS. Christine Gilain (Ensemble) s’est abstenue. Et nous nous sommes opposés.

Les débats ont été tendus et méritent une analyse plus approfondie.

Intervention de Anne Beghin : « Comment osez-vous ? »

Anne Beghin explique qu’une nouvelle fois le collège démontre dans son attitude ne pas tenir compte de ses engagements climatiques de 2016, engagements comprenant entre autres l’installation de 6 à 7 éoliennes. Engagements renouvelés dans le Plan Stratégique Transversal voté en 2019. Elle explique en définitive qu’il n’est pas admissible de décider et de prendre des orientations politiques qui ne tiennent pas compte de l’intérêt collectif. Par son intervention, Elle démontre alors un manque de conviction mais aussi un manque de courage politique et une instrumentalisation de quelques citoyens.

Que les riverains aillent en recours c’est une chose. C’est leur droit le plus strict a expliqué Anne Beghin, Mais que la commune aille aussi en recours, une nouvelle fois c’est de l’obstination.

Elle rappelle que le dossier de Windvision a évolué, qu’il ne comporte aucune objection grave et que par ailleurs la commune prive les citoyens de Genappe de la participation citoyenne de 33%.

Enfin elle souligne la lenteur et au final l’inutilité totale de l’étude d’un cade éolien local.

Un débat électrique démontrant un collège qui se mord la queue

 

Intervention de Benoit Moreau ou la démonstration par l’absurde

Benoit Moreau est d’abord intervenu en demandant en quoi le fait que des riverains s’opposent justifie le fait que la commune aille elle aussi en recours. En partant de ce principe, le collège devra en effet faire des recours contre tous les projets éoliens (et immobiliers d’ailleurs) puisqu’il y a toujours des riverains qui ne seront pas d’accord. De plus, le Collège ne représente pas les riverains opposés mais bien toute la population de la commune, pro-éoliens compris… Cet argument ne tient donc pas la route.

Benoit Moreau démontre ainsi les limites d’une politique clientéliste. Nous avons face à nous aujourd’hui un collège pris à ses propres pièges.

Intervention de Vincent Girboux

Il explique que la position d’Ecolo Genappe #CréonsDemain est hypocrite. Pour plusieurs raisons :

  • L’hypocrisie est de faire croire qu’avec 5 ou 6 éoliennes on va résoudre le problème climatique.
  • L’hypocrisie est de faire croire que les citoyens ne sont pas entendus. Alors qu’il y a eu 2 recours au Conseil d’Etat et que ces citoyens ont été entendus.
  • C’est aussi une hypocrisie de faire croire que confier ce projet à un privé va aller dans le sens du développement local, de l’économie circulaire.
  • C’est une hypocrisie de demander de faire appel à l’intelligence collective pour différentes matières, de vouloir impliquer les citoyens dans tous les domaines,… et aujourd’hui quand les citoyens se mobilisent, ce n’est plus citoyen, ce n’est plus l’intelligence collective.

Il est évident que personne n’a jamais dit que les éoliennes étaient la seule solution aux besoins de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce serait absurde. Il est évident que c’est un mix d’actions qu’il faut mettre en place pour diminuer la consommation d’énergie et augmenter la production d’énergie renouvelable qui peut nous faire atteindre l’objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre en 2030 (objectif que c’est donné la commune). C’est ce que nous avons toujours dit. Tout comme nous avons toujours dit que nous devons réduire toutes nos consommations individuelles et publiques.

Mais ce qui est certain, c’est que les actions prises par la commune en faveur de la production d’énergie renouvelable n’auront qu’un impact négligeable sur la réduction attendue. Si 3 éoliennes ne suffisent évidemment pas à produire l’énergie nécessaire à la commune, elles y contribueraient efficacement. L’argument de dire que ce n’est pas suffisant peut servir à refuser toutes les initiatives en faveur de l’environnement puisqu’aucune ne suffirait seule.

Vincent Girboux se trompe quand il dit qu’il faudrait une centaine d’éoliennes pour compenser la consommation électrique de Genappe. La consommation annuelle d’électricité de la commune de Genappe est d’environ 52 GWh par an. Sachant que des éoliennes implantées à Genappe auraient une production nette de 6-10 GWh par an par éolienne, il faudrait entre 5 et 9 éoliennes pour couvrir la consommation existante.

Vincent Girboux a raison quand il dit que la commune entreprend des actions en faveur de la réduction des gaz à effet de serre. Il a raison quand il dit qu’il y a un investissement de 2 millions d’euros dans le budget extraordinaire de 2021. Mais il sait que ca ne suffira pas à atteindre les 40% de réduction en 2030. Et nous savons que ces 40% ne seraient même pas suffisants.

Son deuxième argument est que la commune doit faire un recours pour soutenir une mobilisation citoyenne. Et qu’on devrait l’accepter puisque nous demandons de faire appel aux citoyens pour tous les projets. C’est vrai que nous trouvons qu’il faut faire appel à l’intelligence collective. Mais est-ce que prendre uniquement le point de vue des anti-éoliens correspond à cela ? Les citoyens pro-éoliens ne méritent-ils pas aussi d’être entendus ?

Et si on part de ce principe, tous les groupes de citoyens s’opposant à un projet devraient être aidés par la commune s’ils demandent d’aller en recours avec eux. Y compris pour des projets initiés par la commune elle-même. Ce serait bien entendu absurde.

Son troisième argument est que le fait que ce soit une entreprise privée qui gère le projet ne va pas dans le sens du développement local, de l’économie circulaire. Ca se rapproche d’ailleurs de l’argumentation de Christine Gilain (Ensemble) qui s’est abstenue par crainte que Windvision vende les éoliennes à des chinois. Trois éléments de réponse peuvent être apportés :

  • Si une entreprise privée veut investir, c’est que c’est rentable. Rien n’empêche une commune d’investir dans l’éolien et de prendre alors des parts, ce serait l’idéal. L’avantage du privé est qu’il a les fonds pour investir. Et le faire rapidement ce qui est nécessaire !
  • Windvison a prévu 33% d’éoliennes citoyennes. On a donc ici un investissement qui va au moins en partie dans le sens du développement local.
  • Les éoliennes rapporteront financièrement à la commune. Il suffit de voir les gains générés au profit de Ville de Nivelles grâce à leur nouveau parc éolien. On aurait donc des moyens supplémentaires qu’on pourrait choisir d’investir dans le développement local et participatif ou l’économie circulaire.

Conclusion

Aucun des arguments avancés par la majorité pour expliquer le recours au Conseil d’Etat ne nous a convaincu. A l’écouter, le collège ouvre la porte à devoir aider n’importe quel groupe de citoyen s’opposant à n’importe quel projet.

Le conseil communal avait voté à l’unanimité l’objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030. Avec 6 ou 7 éoliennes à Genappe. En refusant encore une fois d’avoir des éoliennes, ils rendent cet objectif encore plus difficile à atteindre. Mais nous sommes les seuls à le dénoncer.

Nous avons déjà expliqué pourquoi le plan communal éolien (argument principal du bourgmestre pour aller en recours – alors que ce plan n’a aucune valeur légale) n’est qu’un moyen pour freiner tout projet éolien. Le bourgmestre prétend qu’il veut des éoliennes à Genappe. Nous ne le croyons plus. Ca fait plus de 30 ans qu’il est au pouvoir, ca fait 20 ans qu’il y a des projets d’éoliennes, et ici encore une fois, il bloque un projet qui nous semble pourtant bien construit (ce qui est confirmé par les ministres Tellier et Borsu).

Il n’y a aucune volonté concrète du collège d’implanter des éoliennes aujourd’hui sur la zone de Promelles comme il n’y a pas de volonté d’en implanter ailleurs.

On est parti pour quelques années en plus d’immobilisme en la matière ! C’est inadmissible et irresponsable !

 

Bernard Löwenthal