2 juillet 2024

Ferme Saint Martin de Bousval : un rêve volé ? !

Si Ecolo Genappe encourage la rénovation plutôt que la construction mais également l’adoption de modèles de logement dits « alternatifs » afin de répondre aux crises de l’habitat et de l’énergie, il s’agit aussi de soutenir une manière solidaire de vivre ensemble. Force est de constater que le MR-LE refuse ce type de modèle par méconnaissance des besoins de ses citoyens et des enjeux de société.

Les citoyens se mobilisent, le politique bloque

Depuis plusieurs mois, notre groupe est interpellé par des citoyens sur la future affectation de la ferme Saint-Martin située à l’entrée de Bousval : un centre de bien-être incluant SPA avec chambres et piscines privatives, salles de formation et de séminaire, cabinets médicaux, conciergerie, 24 parkings, amphithéâtre de verdure …. Les citoyens qui nous ont interpellé ne comprennent pas la raison pour laquelle le projet d’un centre de bien-être par un promoteur est vraisemblablement soutenu par le Collège alors qu’il a refusé préalablement les propositions d’implémentation de différents habitats groupés au sein de cette ferme. Notre groupe a investigué en profondeur la genèse de cette vente, en interagissant avec différents acteurs liés à cette vente : citoyens, architectes, Collège communal. Et nous sommes interpellés par nos découvertes qui signent une attitude incohérente et inadéquate.

Un projet d’habitat groupé passe à la trappe au profit d’un projet purement commercial

  • 2021: première phase de la vente

La ferme est mise en vente et -au moins- deux bureaux d’architecture établissent et proposent au Collège via le service urbanisme des avant-projets d’habitats groupés au sein de la ferme (entre 8 et 12 petits habitats) ; la plupart des clients de ces futurs projets sont des ainés.

Un bureau d’architecture nous a indiqué qu’ils prenaient soin, dans l’avant-projet, de ne pas impacter la façade de la ferme côté rue (pas de percement de fenêtre, …) et un des projets préservait la très belle salle de séjour de la ferme pour en faire un lieu de rencontre entre habitants de la ferme et habitants de la commune.

Ces projets sont très rapidement rejetés par le Collège pour les deux raisons suivantes :

  • Augmentation du flux de trafics entre la ferme et la route nationale longeant la ferme,
  • Impact sur le patrimoine initial de la ferme lié à la création d’habitats groupés en son sein

Ces arguments sont repris entre autres dans un échange écrit, entre l’architecte de la ville et un des bureaux d’architecture. Ces mêmes arguments seront également utilisés par les échevins (Benoit Huts et Carine Messens) dans les discussions avec les candidats propriétaires et/ou leurs architectes.

Aucune « seconde chance » n’a donc été donnée aux bureaux d’architecture pour éventuellement ajuster les premiers avants- projets et l’intention semble clairement de les décourager. Les architectes ont été impressionnés par la faiblesse des arguments déployés par la Ville. Il n’y a de plus aucun partage de vision et de stratégie par rapport au développement de l’habitat à Genappe.

Devant la détermination du Collège, les clients potentiels des habitats groupés renoncent au projet, renoncent à leur rêve. La propriétaire de la ferme tente une réunion de la dernière chance auprès du bourgmestre, sans succès.

La première phase de la vente se termine sur un échec et l’agent immobilier en charge de la vente est remplacé par une autre agence.

  • 2023: seconde phase de la vente

En novembre 2023, un avis de projet pour la ferme est furtivement posé sur la porte de la ferme (l’avis est placardé pendant deux jours seulement selon un témoin digne de foi) : il s’agit d’un projet de centre de bien-être, incluant : cabinets médicaux et para médicaux, salles de formation, séminaire et événements bien être, unités de wellness privatives, incluant pour 4 d’entre elles une chambre attenante, spa, conciergerie avec 2 chambres, 24 places de parkings, …. Cette annonce de projet de centre de bien-être est faite par un promoteur immobilier qui est bien connu et semble avoir toute la confiance du collège communal. Il est devenu propriétaire de la ferme en 2023 et nous émettons l’hypothèse que des garanties très fortes lui ont été données en ce qui concerne l’obtention future du permis de bâtir et d’exploitation. Les inquiétudes du Collège concernant la préservation du patrimoine et les risques liés à la circulation se sont-elles évaporées ?

A partir de Mars 2024, Ecolo Genappe interpelle le Collège sur l’évolution du dossier ; le Collège nous répond que différents organismes sont consultés (car, notamment, la ferme évolue vers une structure commerciale) et que le permis de bâtir définitif sera délivré en juillet 2024.

Qui pilote l’aménagement du territoire à Genappe ?

Ce qui nous interpelle tout particulièrement dans ce dossier, c’est que les arguments utilisés pour bloquer les projets d’habitats sont très fortement atténués pour permettre l’installation du centre de bien-être :

  • Les flux de voitures : s’ils étaient un facteur bloquant pour les habitats groupés, ils sont validés dans le projet de centre de bien-être et de formations alors que ces flux seront bien plus considérables pour le centre de bien-être ou certains rendez-vous ne dureront parfois qu’une petite heure. Les logements, les trois cabinets médicaux, les formations et séminaires draineront un flux très dense de voitures entre la ferme et la route. D’ailleurs un parking de 24 places figure dans la demande de permis d’urbanisme. Ce second projet prévoira une sortie voiture décalée de quelques mètres par rapport au virage de la route nationale ; une telle approche pouvait aussi être proposée pour les habitats groupés. Nous estimons cependant que cela ne réduira pas le danger lié au grand flux de véhicules entrant et sortant de l’enceinte de la ferme.
  • La préservation du patrimoine : si on privilégie une vue holistique de ce patrimoine (le bâti et le terrain entourant le bâti), nous estimons que le centre de bien-être aura un impact au moins aussi important sur le patrimoine d’ensemble de la ferme que les habitats. Au moment du rejet du projet habitats groupés, le Collège avait fait valoir l’argument suivant : « Le Collège estime que la réalisation de trop de logements nuira inévitablement à l’aspect extérieur de la ferme, ainsi qu’à ses structures intérieures ». Nous estimons qu’il en sera de même pour le centre de bien être : comment imaginer que l’installation de salles de séminaires, de formation, de spa avec piscines et chambres privatives, de 24 places de parkings, d’une conciergerie et d’un amphithéâtre de verdure ne puissent « nuire à l’aspect extérieur de la ferme ainsi qu’à ses structures internes » pour reprendre l’expression initiale du collège ? Une phrase reprise dans l’annonce du projet de centre de bien-être a notamment retenu notre attention par rapport aux impacts potentiels sur le patrimoine : « seules quelques ouvertures ont été apportées principalement vers les jardins pour des questions d’habitabilité et de salubrité ».  Ce type d’ouvertures était précisément ce qui avait été envisagé par l’architecte d’un des projets d’habitat …

Nous rappelons que cette ferme particulièrement bien conservée qui date du 18è et 19ème siècle n’est pas classée mais à l’inventaire du patrimoine. Ce qui signifie qu’un point d’attention doit être fait sur ce patrimoine bien conservé mais qu’il n’est en aucun cas interdit de le transformer en logement ou de le rénover.

  • Zone d’habitat au plan de secteur: Nous sommes dans une zone « rouge » au plan de secteur, c’est-à-dire zone d’habitat.  La ferme est située dans le centre du Village à 150 m d’une école primaire, à 200 m d’une pharmacie et d’une boulangerie et quelques mètres plus loin une épicerie, un cabinet médical, un coiffeur, un dentiste, …. Ces services ou commerces de première nécessité sont donc accessibles à pied. La commune déroge donc à un outil de planification clé de l’aménagement du territoire élaboré et remis à jour dans l’intérêt collectif du bien vivre ensemble. La ferme Saint Martin n’est pas en zone économique.
  • Ce manque de consistance dans l’application stricte de critères d’acceptation ou de rejet d’un projet a une conséquence importante : le vol du rêve de citoyens qui avaient élaboré un projet d’habitats plein de sens ! Nous ne pouvons accepter l’utilisation de critères à géométrie variable. C’est grave car nous estimons que chaque citoyen droit à un traitement identique. Nous avons essayé d’en savoir plus par le biais de questions complémentaires au Collège de la part de nos conseillers mais aucune explication probante ne ressort. Nous regrettons dès lors un manque de cohérence et de suivi. Mais également un manque de vision politique en matière de logement et de vivre ensemble.

Si aucune preuve ne peut être avancée quant à du favoritisme, nous pouvons nous interroger quant au sens politique qui peut être donné à cette bien étrange attitude du Collège.  Le bourgmestre et ses échevins craindraient-ils le regroupement entre eux de citoyens en vue d’améliorer leur cadre de vie en dehors des circuits classiques de la promotion immobilière ?

Alors que les centres et cabinets de bien-être se multiplient en Brabant Wallon, nous savons que notre région fait face à une crise du logement importante et que cette crise touche en particulier les jeunes et les aînés. Nous pensons qu’une oreille attentive doit être donnée à des projets différents d’habitats dans le respect de la sécurité et de la quiétude de tous.  Plus globalement, l’aménagement du territoire est un enjeu important qui mérite de ne pas être géré au coup par coup suivant les opportunités des promoteurs commerciaux. Ecolo Genappe souhaite mettre sur la table des propositions fortes pour que les jeunes et les moins jeunes puissent rester vivre dans notre région.

En conclusion : Mobilisons-nous !

Ecolo Genappe dénonce un manque de vision et une attitude incohérente, peu transparente du collège de Genappe. La colocation n’est plus l’apanage des étudiants. L’habitat groupé séduit aujourd’hui un grand nombre de citoyens pour son principe et ses nombreux avantages (économiques, écologiques, sociaux…). Le collège reste sourd face à ces enjeux actuels et semble faire fi de la solidarité, du collectif. La mobilisation citoyenne continue jusque mi-juillet date (Le délai final est fixé au 12 juillet prochain). Nous encourageons les riverains mais aussi tous les habitants de Genappe à signer et diffuser la pétition demandant L’abandon du projet de transformation de la Ferme Saint Martin en centre de bien-être.

https://www.petitionenligne.net/non_a_la_transformation_de_la_ferme_saint-martin_de_bousval_en_centre_de_bien-etre

Vue aérienne de la ferme Saint Martin à Bousval dont l’entrée est située dans un tournant de l’avenue des Combattants.

Ecolo Genappe