La commission agricole de Genappe doit se réinventer
Simulacre de démocratie à Genappe. Absence de représentativité. Absence de pro-activité. La commission Agriculture en plein dysfonctionnement. Anne Beghin, chef de groupe Ecolo et membre de cette commission décide de démissionner de celle-ci.
Concrètement deux raisons expliquent cette démission
- Une absence totale de gestion d’une réunion de travail par la présidente et l’échevine de l’agriculture
Alors qu’il avait été décidé en conseil communal de mars 2024 qu’Anne Beghin présenterait en commission une motion de soutien au monde agricole afin qu’elle soit discutée et éventuellement amendée, elle explique n’avoir reçu aucun soutien ni de la part de la présidente et ni de la part de l’échevine dans la gestion de ce point, dénonçant un véritable boycott du processus démocratique. Alors qu’une commission communale est un lieu de participation et de débat en vue de faire émerger des avis à transmettre au conseil communal…la dernière réunion n’a pas été gérée, les échanges étaient impossibles, la parole n’a pas circulé, monopolisée par un membre. La mission de la commission n’a donc pas été remplie.
- Une absence totale de vision sur le fond de la motion de la part des responsables de la commission
- Alors que les membres du conseil communal, toutes forces politiques confondues, ont en mars 2023 participé à une formation intitulée la fresque du climat durant laquelle il leur a été rappelé des données objectives comme par exemple l’impact de l’agriculture sur les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale (25%) ;
- Alors que l’étude récemment financée par la ville de Genappe sur le bien-être des agriculteurs.trices a révélé l’importance de faire vivre et cohabiter les différents modèles sur notre commune, de mettre en œuvre des pistes de diversification, de construction de nouvelles filières tant de production que de commercialisation;
Comment est-il possible que le texte de la motion d’Ecolo et ses 16 propositions ait été abordé de manière si peu constructive et que des discours aussi inacceptables que « On n’en a rien à foutre de votre agriculture durable, avec l’agriculture conventionnelle les gens vivent plus longtemps. » n’aient pas été recadrés ?
Le monde agricole mérite mieux
La relocalisation est le premier levier de notre autonomie alimentaire.
La motion proposée par Ecolo Genappe ne divise pas, n’oppose pas les agriculteurs.trices en fonction de leur choix ou de leur modèle: l’agriculture conventionnelle, le maraichage bio, l’agriculture en transition, l’agro-écologie, l’agriculture de proximité, locale. Toutes et tous ont leur place. Et, il est grand temps de tenir compte de cette réalité plurielle, et pas seulement du modèle conventionnel. L’idée est bien de les voir cohabiter tout en soutenant ceux et celles qui se lancent dans une agriculture durable, résiliente, relocalisée. L’idée est aussi de comprendre les freins à la relocalisation afin de tenter de les lever. Aujourd’hui la fonction des autorités communales et en particulier de l’échevinat de l’agriculture devrait être de représenter tous ces modèles tout en stimulant durablement la transition des systèmes de production comme des systèmes de consommation. Ce n’est nullement le cas à Genappe. Face à la paupérisation d’une partie du monde agricole, face aux impacts du changement climatique et à la dépendance aux industries de l’agroalimentaire et de la grande distribution…un cap ambitieux doit être pris. Il s’agit d’encourager ceux et celles qui opèrent une transition sur le long terme vers une agriculture durable et résiliente aux bouleversements climatiques et phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus fréquents. Il s’agit enfin de créer un réseau de confiance entre tous les acteurs.rices de notre commune. Dans ce cadre, la toute récente campagne de la commission » Genappe, ma terre » aurait l’ambition de ramener du dialogue et un climat apaisé dans l’entité….On parle de 70 agriculteurs qui se sentent parfois incompris, voire mal aimés. Pour la commission, les riverains devraient alors mieux connaître leurs pratiques pour les accepter. On tourne en rond autour de soi-disant incivilités des riverains envers les agriculteurs. Il y a 6 ans la Commission communiquait déjà partout une charte de bonne entente-entre agriculteurs et citoyens. Cette campagne de communication revêt un petit goût électoraliste inacceptable. Ne serait-il pas bien plus urgent et constructif de stimuler des liens forts avec les producteurs locaux, les fermes bios, les maraichers, les viticulteurs, les apiculteurs, de renforcer la chaine alimentaire de notre commune, afin d’aller vers l’autonomie alimentaire. Celle-ci passera aussi par la prise de conscience des mangeurs et mangeuses, qui doivent en effet prendre leur part de participation au changement. Celle-ci passera aussi par des décisions politiques fortes comme la création d’une cantine collective.
La transition vers d’autres filières notamment l’agro-écologie ou le bio n’est pas abordée
Enfin, pourquoi ne pas, tel que le propose aux communes le collège des producteurs, favoriser enfin à Genappe la communication et l’échange d’informations sur les pulvérisations de produits phytosanitaires au travers de réunions entre agriculteurs et riverains, au travers aussi d’aide à la création et mise à disposition de contenus informatif. N’est-il pas temps d’encourager la mise en place de mesures volontaires supplémentaires visant à diminuer l’exposition des riverains aux dérives éventuelles de pesticides en analysant la situation avec l’aide d’experts et en aidant à trouver les diverses sources de financement possibles. Genappe n’a d’ailleurs donné aucune suite aux recommandations du professeurs Schiffers, ancien chef du laboratoire de phytopharmacie de Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège), suite à la diffusion en 2019 des résultats de l’étude Propulpp, menée auprès de 8 écoles en Région wallonne dont 3 à Genappe. Il s’agissait d’adapter les pratiques culturales développées par nos agriculteurs conventionnels et de mettre en place des mesures à prendre pour protéger les intérêts et la santé de tous…dont les enfants ! Faire des études pour ne pas tenir compte des recommandations…c’est avancer pour mieux reculer. Cela coûte souvent cher.
En conclusion, la commission agriculture de Genappe n’est ni représentative ni suffisamment proactive
Elle ne fédère pas, ne rassemble pas. En ne donnant pas la parole à toutes et tous sur un pied d’égalité, elle divise. Ecolo Genappe demande dès lors d’ouvrir la commission agricole de Genappe dès 2025 aux maraichèr.e.s, ainsi qu’à une plus grande représentativité des modèles agricoles présents sur notre commune (conventionnel, raisonné, bio, en reconversion, avec transformation sur place, avec vente direct, etc.), -avec une répartition élevage et cultures-. La commission doit aussi accuillir des acteurs incontournables comme le coordinateur du GAL des 4 bras, Agricoeur (Tiers-Lieu nourricier), ou le Monty (à l’origine du festival « Manger à 4 bras) . Il s’agit ici de faire de la commission un espace suffisamment représentatif, ancré dans les différentes réalités, porteur de transition agricole et alimentaire. La démission d’Anne Beghin en cette fin de législature est donc symbolique. Il s’agit alors de transmettre un message et qu’il soit le plus percutant possible. « Mon message est que le collège au travers de sa commission a loupé un travail de cohérence avec les objectifs tant de son étude que du Programme Stratégique Transversal, comme il a loupé un travail collaboratif devenu indispensable avec les écologistes sur cette matière. Je suis en colère parce que l’ entre-soi ferme la porte au changement. Je démissionne parce que je ne veux plus cautionner ce conservatisme délétère. »
Anne Beghin
Chef de groupe Ecolo au Conseil communal