Anthony Spiegeler, un directeur engagé !
Depuis 2016, Ecolo Genappe a toujours défendu la création et l’implantation de l’école secondaire NESPA sur notre commune. Et ce parce que Genappe n’offrait plus d’école secondaire depuis des décennies mais aussi parce que la pédagogie active de cette nouvelle école est une pédagogie vivante, contemporaine et en phase avec plusieurs convictions écologistes dont l’importance de la citoyenneté, de l’ouverture au monde, du travail coopératif et individualisé. C’est donc en toute logique que nous voulions en rencontrer l’actuel directeur.
Belle rencontre donc que celle d’Anthony.
Anthony c’est assurément quelqu’un d’enthousiaste et d’engagé qui nous a immédiatement rappelé toute l’importance d’avoir cette école en pédagogie active dans une commune telle que Genappe. Et il pourrait sans aucun doute faire sienne cette citation de Célestin Freinet « Ne vous retirez pas sur la berge où vous recouvriraient lentement la mousse et le limon, suivez audacieusement le torrent de la vie ».
Anthony Spiegeler est historien de l’art avec une compétence en philosophie obtenue à l’ULB en 2011. Il a fait l’agrégation et un doctorat en histoire de l’art. Il a ensuite enseigné 8 ans à l’INRACI, école secondaire technique et artistique de qualification bruxelloise. En 2019, il a postulé pour en devenir le directeur et a terminé deuxième dans la sélection. Cet épisode professionnel lui a permis d’être repéré comme un très bon candidat pour la direction d’une école. C’est alors qu’on lui propose de reprendre celle de NESPA. Il est retenu et commence en mai 2019 en remplacement de la première directrice partie 3 mois auparavant.
Anthony travaille aussi en histoire de l’art à l’université et donne des cours d’agrégation pour le secondaire supérieur. Il est aussi président du Centre d’Action laïque du Brabant wallon qui se définit comme un centre de réflexion et d’action progressiste au service de l’ensemble des individus du Brabant wallon. Les actions du CALBw vise le développement de l’esprit critique, l’autonomie et la liberté pour une société plus juste et plus solidaire.
Anthony a déménagé récemment pour s’installer, avec sa compagne, Alexia, dans notre commune. Il est le papa de Gabin, 15 mois. Et la famille va bientôt s’agrandir avec l’arrivée imminente d’un deuxième petit garçon.
L’école NESPA, une école bien ancrée dans la réalité qui forme des citoyens
A l’arrivée d’Anthony, NESPA comptait 73 élèves. Aujourd’hui, elle compte 500 élèves et devrait encore grandir pour arriver à 550-600 élèves d’ici 3 ans. En 2023-24, c’est la première année avec tous les niveaux puisque la première rhéto vient de démarrer.
NESPA est une école en pédagogie active selon la méthode Freinet. Cette pédagogie mise au point au début du 20ème siècle place les élèves au cœur de leurs apprentissages. Elle prend en compte la dimension sociale du jeune afin qu’il devienne un adulte autonome, responsable et ouvert sur le monde. Les élèves sont formés à l’esprit critique, à l’éveil et à l’action. On leur apprend à argumenter, à défendre des idées, à éveiller leur sensibilité. A devenir des citoyens qui vont défendre des projets, des idées et des valeurs. Une attention particulière est accordée aux jeunes éprouvant des difficultés d’apprentissage. On sent au sein de cette école un climat vivant et bienveillant.
Chaque année, l’équipe et les enfants de l’école explorent une thématique. La rhéto de cette année travaille sur celle de l’engagement. Les jeunes se rendront dans la deuxième partie de l’année dans des associations, auprès d’opérateurs de Genappe pour observer, s’organiser et défendre leurs idées.
L’école dispose d’une option littérature assez rare dans le brabant wallon. Et tous les élèves ont des labos sciences à partir de la troisième année.
Comme Genappe dispose aussi d’une école primaire en pédagogie Freinet (celle de l’Espace 2000), les élèves peuvent bénéficier d’une continuité sur tout leur parcours scolaire. La grande majorité des élèves de l’école de l’Espace 2000 poursuivent leur scolarité à NESPA. Ce continuum risque d’être encore renforcé dès 2026 (changement du décret de la fédération Wallonie-Bruxelles) puisque la pertinence pédagogique accompagnera le processus des jeunes avec la perméabilité souhaitée, par le « tronc commun », entre l’enseignement fondamental et le secondaire.
Si NESPA est clairement une chance pour Genappe au niveau de l’accessibilité à un enseignement secondaire de qualité, l’école est aussi un plus pour Genappe parce qu’elle est une source d’emploi. En effet, 57 personnes y travaillent dont 45 professeurs. Tous ne vivent pas à Genappe bien sûr, mais l’emploi local est bénéfique pour la commune à plusieurs niveaux : il fait vivre les commerces locaux, met de la vie dans le village, permet de limiter les déplacements,… Et les partenariats sont très nombreux avec le secteur associatif et citoyen de notre commune.
Une école intégrée dans sa ville
En effet, Anthony gère son école de manière à l’impliquer dans la vie de Genappe. L’équipe éducative met en place des partenariats avec beaucoup d’associations de Genappe et avec la commune. Citons par exemple le 38, le Monty, Environnement Dyle,… Et la proximité de la réserve naturelle permet de faire vivre le cours de science et les ateliers « nature » de l’école. La richesse citoyenne et culturelle de Genappe est aussi un atout pour l’école.
Comme l’école ne possède pas encore de salle de sport, elle utilise les infrastructures communales : la salle omnisport de la Plaine communale, la salle polyvalente de l’Espace 2000 et la salle Saint Martin. Cela implique des déplacements pour les élèves…qu’ils font à pied ou en courant. Pour améliorer et accélérer ces trajets, NESPA a demandé et obtenu un budget participatif pour l’achat de vélos.
Quand il fait beau, ils utilisent aussi les infrastructures installées juste devant l’école (terrain multisport,…).
NESPA participe aussi aux réunions « midi directions » organisées par la Ville, avec les autres écoles.
Un directeur heureux !
Quand on demande à Anthony comment cela se passe à NESPA, il nous répond qu’il est un directeur heureux ! En effet, l’école va très bien. Elle a bonne presse (ils doivent refuser des inscriptions chaque année pour le degré inférieur depuis 3 ans). Et ils bénéficient d’une population scolaire géographiquement et socialement mixte. 40% des élèves viennent de Genappe. Les autres viennent de Villers-la-Ville (logique vu l’implantation précédente de l’école), de Nivelles, de Braine l’Alleud, de Waterloo,… Ceux qui viennent de Genappe le font pour des raisons pédagogiques ou simplement parce que c’est tout près.
Une école qui fait vivre Genappe
Grâce à NESPA, il y a beaucoup plus de vie dans le centre du village. 500 élèves, 500 jeunes, cela apporte énormément de présence, d’activité, de mouvement. La jeunesse est importante pour une ville, on la voit maintenant chez nous !
Ces jeunes se comportent bien, on ne constate que des côtés bénéfiques et très — très — peu de problèmes. Comme partout, ils sont en groupe ce qui peut parfois surprendre. Par exemple, beaucoup de clients du Carrefour ont été surpris au début. Les craintes ou résistances du début se sont très vite estompées. Ces jeunes ont surtout apporté un nouveau souffle.
Il n’y a eu aucun fait de violence ou de drogue au sein de l’école. La récente descente de police à la sortie de l’école a d’ailleurs prouvé qu’il n’y avait pas de problème (ils n’ont rien trouvé). Cette descente a surtout un très mauvais effet sur l’image de l’école. Elle n’était nullement justifiée. Il semble que la zone de police l’ait faite pour équilibrer les dispositifs de prévention avec leurs actions dans les écoles de Nivelles (commune qui connait de réels problèmes liés à la drogue).
Il n’y pas non plus de problèmes de voisinage. On peut donc dire que NESPA a simplement apporté de la vie à Genappe ce qui est très positif pour la ville.
500 élèves, c’est aussi beaucoup de parents qui passent par Genappe. Une belle occasion de faire vivre le commerce de proximité. Les petits commerces du centre devraient pouvoir en profiter. Anthony est d’ailleurs triste de voir que la poissonnerie a déjà abandonné. Il manque encore une offre pour les élèves et les enseignants à midi (elle n’est pas nulle mais il y a du potentiel pour plus).
La mobilité, du bon et du moins bon
L’école est idéalement située par rapport à son projet pédagogique (réserve naturelle, richesse culturelle de la Ville,…) mais nettement moins par rapport aux transports.
10% des élèves viennent à vélo, 10-15% à pied, 18% en bus, et le reste en voiture dont 25% en co-voiturage. Le trafic automobile est déjà problématique aujourd’hui dans le centre de notre commune et risque de l’être encore plus quand tous les aménagements du site de la sucrerie seront faits et tous les nouveaux habitants installés.
Le Ravel est évidemment idéal pour les cyclistes mais il manque encore des connections cyclables pour le rejoindre à partir des différents villages.
Le réseau bus est correct dans le sens Nivelles-Ottignies grâce à la ligne 19, mais c’est moins le cas dans le sens nord-sud, et même totalement inexistant vers Villers-la-Ville alors que beaucoup d’élèves viennent de là. L’équipe de NESPA a eu des réunions avec les TEC et avec le cabinet du ministre Henry, et a bénéficié du soutien de la Ville. Malheureusement, la règle de la Région wallonne est de renforcer une ligne uniquement à partir du moment où elle est saturée. Mais Genappe fait partie du plan de révision des lignes TEC et il semble que la création d’une ligne reliant Villers-la-Ville à Genappe en fait partie. A suivre bien sûr !
Le manque de connexion des villages vers le centre est aussi un problème pour les transports en commun. Anthony trouve que la commune devrait envisager de mettre en place des bus communaux pour relier les villages entre eux et avec le centre.
Genappe, une ville incomplète
Quand on demande à Anthony s’il constate des besoins, des manques à Genappe, il pense d’abord à ses élèves. En effet, il remarque qu’il y a très peu de lieux pour les jeunes à Genappe en dehors de la Maison de Jeunes. A 17-18 ans, Les places publiques ne sont pas aménagées en mode « jeune » et il n’y a rien pour se retrouver, pour aller boire un verre,… Ils sont obligés d’aller ailleurs (Nivelles, Louvain-la-Neuve, Waterloo…) et il y a peu de transport pour s’y rendre. Et c’est même impossible de revenir en transport en commun en fin de soirée.
Il faudrait plus d’espaces récréatifs. Et l’offre sportive lui semble insuffisante (pas assez diversifiée). Il n’y a pas de club de gymnastique, de tennis (ça arrive…), de hockey, de rugby,… C’est important parce que les jeunes ont besoin d’être avec d’autres jeunes. Dans ce cadre, l’école a créé un atelier cross-country le vendredi. Et ça marche, il y a 40 participants !
Des élèves de différents horizons et une école très active
On l’a dit, les élèves viennent à 40% de Genappe mais aussi de beaucoup d’autres communes. On constate cependant peu de mixité culturelle. Il semble que cela soit inhérent au choix de la pédagogie active.
Comme les élèves sont sensibilisés à l’engagement et à prendre leur place dans la société, ils participent à des actions comme « solidarité Maroc », « L’Opération Boites à KDO»,…L’intérêt c’est que ce sont les élèves eux-mêmes qui choisissent les projets.
Il y a beaucoup d’activités dans l’école. Comme leur participation à des journées organisées par des associations (exemple pour le Sida). Ou encore la rédaction et publication de deux journaux : le journal de l’école et celui des élèves.
L’école souhaite également devenir un observatoire et centre de recherche sur les questions pédagogiques et familiales (enfance), ouvert en dehors des horaires scolaires. L’Association des parents de NESPA proposera très prochainement un espace de rencontre, de découvertes, d’informations, de conférences,…
Enfin NESPA, grâce au dispositif DASPA (une étape de scolarisation intermédiaire pendant laquelle l’élève bénéficie d’un enseignement intensif du français) accueille aussi 18 MENA (Mineurs Etrangers Non Accompagnés) dont 14 du centre Croix-Rouge.
Le futur
NESPA est installée pour le moment dans des containers provisoires. Même si c’est confortable, les élèves (et les parents) sont impatients de voir le bâtiment définitif qui doit être construit sur le site de la sucrerie. On a pris du retard à ce niveau malheureusement. C’est la SARSI (Société d’Assainissement et de Rénovation des Sites Industriels du Brabant wallon) qui, propriétaire du site depuis quelques années, est à la manœuvre. Et elle a perdu du temps suite au changement de son conseil d’administration en cours de route et au fait que les procédures sont longues au regard de la complexité du projet global du site.
La relation entre NESPA et la SARSI se passe heureusement très bien.
L’étape actuelle est la finalisation de la procédure administrative pour le lancement de la dépollution du site. Anthony espère que cela sera fait en 2024 pour que les travaux de construction puissent commencer en 2025.
Au niveau architectural, l’école sera un bâtiment ouvert sur la ville, disposant d’une salle de sport de 600 m² pouvant être mutualisée pour des associations. Elle disposera d’espaces ouverts au public.
Le bâtiment et son terrain ont été pensés de manière écologique. Comme on se trouve en zone avec risques d’inondations, l’école sera construite sur pilotis. La consommation énergétique sera bien entendu minimisée. Et on y trouvera même des toilettes sèches, un potager, et des initiatives à créer/concevoir avec les élèves.
En conclusion, NESPA est une chance pour Genappe !
Avec l’école, et grâce au dynamisme de son directeur et de son équipe, Genappe bénéficie aujourd’hui d’une toute nouvelle dynamique plus jeune, plus vivante et créatrice de liens et de ponts avec les commerces, associations, réserve naturelle, écoles primaires,… Plus de 500 jeunes chaque jour, près de 60 personnes y travaillant directement, une école secondaire de qualité,… beaucoup d’éléments qui contribuent à un futur dynamique pour Genappe ! NESPA participe activement à la revitalisation du centre-ville.
Anne Beghin et Bernard Löwenthal
Le site de l’école: www.nespabw.org
Les portes ouvertes de NESPA auront lieu le samedi 20 janvier 2024 de 10h à 16h – 1 Rue de la sucrerie 1470 Genappe.