WellCoop, une utopie au service de la relocalisation !

Les 6 citoyens à l’origine de ce mouvement seraient-ils les nouveaux convoyeurs des circuits courts à Genappe et alentours ? Ils créent sans doute l’utopie dont Genappe a – grandement -besoin. Créé autour de l’indispensable nécessité d’amener notre territoire à l’autosuffisance alimentaire, ce mouvement investit une réalité à améliorer voire à réinventer.

Lors d’une rencontre avec les membres de la locale d’Ecolo Genappe, l’ambition, l’enthousiasme et l’envergure sont largement exprimés par deux de leurs portes parole : Antoine Verdebout et Sébastien d’Ursel.

La relocalisation en vue de l’autonomie alimentaire, une des convictions d’Ecolo

En septembre 2021, souvenez-vous, Ecolo Genappe proposait une soirée phare. « RELOCALISE-MOI ou L’indispensable rencontre des écologistes et des agriculteurs » était son nom.

La Fédération des Jeunes agriculteurs et Ecolo Genappe s’unissaient alors pour réfléchir, échanger et ouvrir les portes de la relocalisation agricole et alimentaire. Et ce avec l’ensemble des acteurs concernés: citoyens, consomma(c)teurs, agriculteurs et agricultrices, politiques. Quatre invités ont rythmé les échanges ; Philippe Lamberts, euro député écologiste ; Philippe Baret, agronome, professeur à Agro-Louvain, spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation durable ; Pierre André, président de la FJA ; Bernard Bodson, professeur honoraire à Gembloux Agro-Bio Tech.

Si la relocalisation agricole concerne tout le monde et a un impact sur de nombreuses réalités (climat, biodiversité, alimentation, santé), notons qu’elle oblige de s’affranchir (et ce que l’on soit un consommateur ou un agriculteur) des marchés mondiaux, exportateurs et hyper productivistes. Et c’est bien de ce nécessaire affranchissement qu’est né Wellcoop.

Mais, Philippe Barret soulignait à l’époque une absence totale de plan d’action à quelque niveau de pouvoir que ce soit. « On n’a pas de projet. Or il faut planifier, avoir un vrai projet de relocalisation, et réfléchir à quels produits, quel rythme, quelles échéances ? ». Dans ce contexte tout le monde est concerné à commencer par le citoyen qui n’a pas d’autre choix que de s’intéresser au système, notamment au vrai prix des choses. Un premier levier pour relocaliser serait la mise en place de cuisines collectives au sein des communes au profit des crèches, des écoles, des maisons de repos et du CPAS. Un second levier serait peut-être la création d’une halle des produits locaux. Wellcoop veut activer de tels leviers.

S’impliquer et agir plutôt que de juste constater

Antoine Verdebout, natif de Genappe, papa de 3 enfants s’affirme multi-passionné et multi-entrepreneur en reconversion depuis 6 ans. Antoine est le gérant du magasin Biohhh de Baisy-Thy. Parallèlement, il a créé une micro ferme en permaculture « Ecosphère ». Soucieux de longue date du vivant et de la biodiversité, pas de labour chez Ecosphère, du maraîchage 100% bio, des plantations d’arbres et du petit élevage. Soucieux d’emmener aussi avec lui « l’humain », Antoine intègre dans son projet des personnes « articles 60 » et quelques jeunes en difficultés d’Amarrage (service d’aide à la jeunesse agréé et subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles).

Sébastien d’Ursel, installé à Loupoigne depuis 2 ans après une carrière aux États Unis est également papa de 3 enfants et se dit aussi en reconversion. Multi casquettes, il lance notamment « Pachalab », un labo d’analyse microbiologique des sols et rejoint Wellcoop qu’il définit comme un mouvement.  WellCoop, explique Sébastien, se donne l’ambitieuse mission d’accélérer la transition alimentaire et énergétique du Brabant wallon sud composé de 6 communes et 90 000 habitants. En plein cœur de ce territoire : Genappe !

Aujourd’hui, aux côtés d’Antoine et de Sébastien, ce collectif composé d’un sociologue, d’un expert en transition énergétique, d’un spécialiste en agroforesterie et d’un bioingénieur souhaite s’agrandir, s’ouvrir aux maraichers, agriculteurs, citoyens, politiques ou encore à des acteurs comme les Petits pots ou le Monty. Probablement aussi à la grande distribution. Cette dernière en crise ne gagnerait-elle pas elle-aussi à se ré-inventer?

L’ambition pour Wellcoop est de taille : fournir 1 repas par jour aux 90 000 habitants concernés et ce d’ici 2030.

Pareil défi nécessite réflexions, analyses, mobilisations et actions pour faire face à un problème majeur : En forte hausse lors des périodes de confinement… on le sait le bio et le local n’ont actuellement pas assez la cote. Si les initiatives de productions locales sont nombreuses sur les différents villages de notre commune, seuls quelques petits pourcents de ce qui est consommé sont d’origine locale ! Ce constat n’est pas celui de Genappe, il est généralisé. Pierre Ozer, climatologue à l’ULiège expliquait dans le numéro hors-série de décembre 2022 de la revue Imagine qu’en Belgique 95% de notre alimentation est fournie par les supermarchés dont on peut déplorer un mode de production dépendant du pétrole et du plastique, très peu durable donc.

Ne pas réinventer le fil à couper le beurre

Revient alors au-devant des discussions et propositions d’Antoine et Sébastian la création d’une halle des producteurs locaux. Ce modèle n’est pas neuf mais il est inexistant sur notre territoire. Ce projet est à l’étude tout comme l’analyse structurelle de l’offre et de la demande ainsi que des leviers d’attractions pour les produits locaux. « Pour l’instant nous sommes au stade d’un gigantesque étude de marché ».

On le sait le challenge est de changer les habitudes de consommation. Le politique peut bien évidemment faire partie de l’ambition : soutenir les diagnostics territoriaux, favoriser l’accès à la terre, soutenir les nouvelles filières, créer une cuisine collective – telle que promise dans le Plan Stratégique Transversal de Genappe – et bien sûr informer, sensibiliser sans relâche.

La responsabilité est collective. La transition est inéluctable et elle est autant écologique que sociale ou économique. Produire et se nourrir de manière juste et propre implique l’entraide, la solidarité et un maximum de synergies. Tout cela s’appelle l’intelligence collective au profit d’une réelle stratégie en vue de notre autonomie alimentaire, ce que nous ont bien rappelé Antoine et Sébastien.

Wellcoop se veut rassembleur et efficace. L’échéance de 2030 est toute proche. Forts de leurs convictions auxquelles notre groupe adhère largement, de leurs expertises respectives, de leur capacité entrepreneuriale et de la juste motivation qui les anime, les créateurs de Wellcoop font bel et bien partie de ceux et celles qui veulent faire l’avenir de notre commune.

 

Anne Beghin
Chef de groupe et co-présidente