Le budget communal 2022
Pour Ecolo Genappe #CréonsDemain, il faudrait aller beaucoup plus vite et plus loin en matière d’investissement.
Lors du conseil communal de décembre, nous avons expliqué notre position par rapport aux budgets ordinaire et extraordinaire proposés par le Collège. Comme nous le faisons depuis le début de la législature, nous avons approuvé le budget ordinaire et nous nous sommes abstenus sur l’extraordinaire. Cette position a fait réagir très agressivement Vincent Girboux, en charge notamment de la transition énergétique, qui ne comprend pas comment on peut s’abstenir sur un budget qui investit pourtant dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Il est évident que notre abstention n’est pas un refus de tous les choix décidés par le collège, mais davantage une prise de distance pour exprimer que ce budget ne correspond pas aux positions que nous aurions défendues. Et c’est logique, nous n’avons pas les mêmes sensibilités, programmes, volontés ou vision d’avenir. Vincent Girboux ne le comprend pas comme cela, c’est son droit. De notre côté, nous nous devons d’être cohérents mais également intransigeants en cette période de crises multiples.
Mais expliquons plus en détail notre position.
Le budget ordinaire
Le budget ordinaire regroupe les revenus et les dépenses de fonctionnement de la commune.
Les dépenses prévues sont de 20,8 millions €. Les postes principaux sont :
- L’administration générale (+/- 2,9 millions €). Cela comprend l’hôtel de ville, les frais communs aux services,…
- La voirie, la signalisation, les équipements et éclairage public (+/- 4,3 millions €) ;
- L’enseignement communal (+/- 1,7 millions € dont 1 million à charge de la ville) ;
- La bibliothèque (+/- 250.000 € dont la moitié à charge de la ville) ;
- La sécurité et assistance sociale (CPAS – +/- 2 millions €). Notons que la part communale dans le CPAS a été stable jusque 2019, puis elle a augmenté en 2020 et 2021 (+28% en 3 ans). Le Collège veut la stabiliser de nouveau ;
- L’aide sociale et le service de la petite enfance (crèches,… – +/- 1,8 € dont 40% à charge de la ville) ;
- L’enlèvement et le traitement des immondices ;
- Les eaux usées ;
- Le logement/l’urbanisme.
Le coût du personnel est en hausse de 7,5% pour atteindre plus de 8 millions €, soit 41% du budget total ! Cette hausse est surtout expliquée par les indexations. Il y a un équivalent temps plein en plus au service travaux.
Les coûts de fonctionnement restent pareils à ceux prévus dans le budget 2021.
Les coûts de transfert sont en légère baisse : la part communale vers le CPAS est stable, celle vers la zone de police augmente, et celle vers la zone de secours diminue de 25% (la part provinciale augmente et va continuer à augmenter jusque 2024 pour arriver à -40% comme demandé par la Région wallonne).
Enfin, les coûts de la dette sont stables.
Les recettes se montent à 23 millions €. Les postes principaux sont :
- Le fonds des communes, en hausse de 4,4% ;
- L’impôt sur les personnes physiques (IPP – +/- 6,1 millions €), en très légère augmentation ;
- Le précompte immobilier (+/- 4,5 millions €) aussi en très légère augmentation ;
- Les différentes taxes (sauf immondices – un peu moins d’un million €), en hausse.
En conclusion, les évolutions du budget ordinaire nous semblent correctes. Nous l’avons donc approuvé.
Le budget extraordinaire
Le budget extraordinaire comprend les investissements que compte réaliser la commune en 2022. Le montant de dépenses prévus est de 6.578.962 €.
Ce budget qui doit être à l’équilibre, est financé par des emprunts (2,6 millions €), des subsides (2,1 millions €), l’affectation de réserves communales (boni ordinaire, fonds de réserve ordinaire et extraordinaire – +/- 1,4 millions €) et le FRIC (un fonds régional). On le voit, le Collège choisit de financer une partie des investissements en utilisant une partie des réserves de la commune. Cela nous semble une bonne chose, il faut investir aujourd’hui pour le futur de notre commune !
Ce budget contient différents postes qui ne peuvent que nous satisfaire.
Nous sommes contents de voir apparaitre des montants conséquents approuvés par ailleurs par notre ministre. Il s’agit du futur plan Wallonie Cyclable, du réseau de chaleur de l’Espace 2000 mais aussi de la rénovation énergétique prévue pour certaines écoles. Nous saluons les efforts de l’administration et du Collège pour obtenir ces subsides qui permettent d’évoluer dans le bon sens en ce qui concerne la mobilité douce et l’énergie.
Nous sommes aussi satisfaits de voir que nous avons été entendus concernant la rénovation de l’Espace 2000. 25.000 euros seront consacrés à une étude concernant le remplacement des bâtiments préfabriqués par des bâtiments en dur. Le premier projet que nous jugions totalement inadéquat fin 2019 est ainsi complétement abandonné.
Les manquements
Mais comme expliqué en introduction, s’il y a des bonnes propositions dans ce budget, il souffre de manquements, d’engagements non tenus et de choses que nous aurions faites autrement.
Le budget 2022 est celui de mi-mandat. Il ouvre les portes de la deuxième moitié de la législature. On devrait y retrouver tous les éléments du PST (Programme Stratégique Transversal) qui n’ont pas encore été activés. Ce n’est pas le cas.
Voici 3 exemples d’éléments qui manquent dans ce budget selon nous :
- Il n’y a pratiquement rien en lien avec la dynamique Commune Hospitalière pourtant en priorité 1 du PST.
- Il n’y a pas de budget pour la réalisation d’une étude auprès des seniors de la commune telle que demandée par la commission senior afin de mieux cerner les habitudes et souhaits des citoyens de plus de 60 ans.
- La création d’une MRS (Maison de Repos et de Soins) en collaboration avec 3 autres communes (les communes de Les Bons Villers, Villers la Ville et Court-Saint-Etienne) était aussi une priorité 1. Malgré les explications peu convaincantes de Vincent Girboux, la MRS ne se trouve toujours pas dans ce budget. A Genappe, il n’y a plus aucune place pour les seniors qui ne peuvent plus vivre chez eux.
La crise sanitaire, les inondations, la crise de la migration, celle de l’énergie, du logement, la crise alimentaire, la crise climatique, la crise agricole, la crise sociale sont complexes et nécessitent d’y faire face. Malheureusement, ce budget extraordinaire est relativement conservateur concernant certaines de ces thématiques. Pourtant nous savons, grâce aux études et aux experts du climat et de la biodiversité par exemple, que 60 % de ces crises se résoudront dès le niveau local. A Genappe nous avons 3 échevins en charge de la transition, et nous ne voyons pas de postes budgétaires suffisamment forts que pour leur donner l’élan exigé par ces crises. Les transitions environnementale et agricole en particulier ne sont que trop peu soutenues par des investissements innovants. Nous devrions aller beaucoup plus loin.
Par rapport à ces transitions, nous relevons différents manquements :
- Aucun budget concernant le renouvèlement du défi familles Zéro Déchets de 2018, pourtant bien dans le PST.
- Un budget minimaliste pour la biodiversité. En 2022, le CPAS engagera 26.000 euros en reforestation et plantation de haies. C’est une excellente chose. Pourquoi notre commune n’envisage-t-elle pas un tel plan en collaboration notamment avec ses agriculteurs ?
- Aucune trace dans ce budget de certains projets du PST concernant l’agriculture :
- « Il faut accompagner les agriculteurs dans une transition, une agriculture raisonnée et les circuits courts »
- « Nous voulons promouvoir de nouvelles filières »
- « Nous voulons construire une halle destinée à accueillir les producteurs locaux »
- Toujours rien concernant la mise en place d’une cuisine collective.
Pour conclure, en cette période de mi-mandat et d’une actualité complexe et difficile, nous aurions souhaité pour Genappe et ses habitants, un budget en faveur de la jeunesse et de l’avenir.
Pour cela, il y a l’exigence de se projeter dans 10 et 20 ans. Ce que nous ne décodons pas.
Nous pointons de bonnes choses comme des investissements indispensables en faveur de la transition énergétique. Mais pas au point de pouvoir dire que ce budget est celui de l’avenir.
2022 aurait pu être le budget de l’audace. Celui de Genappe « en avant ».
Dans la déclaration de politique générale de la majorité, il est promis « d’amener la ville de Genappe vers une transition qui touchera tous les secteurs ». Ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous avons choisi de nous abstenir sur le budget extraordinaire.
Anne Beghin et Bernard Löwenthal