Un club de tennis à Genappe : enjeu, actualité et réalité
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons envisager autrement, voire réinventer, nos libertés individuelles et collectives ainsi que nos priorités. Concrètement, le dossier qui nous occupe et son enquête publique nous rappellent que l’aménagement du territoire et son urbanisation doivent tenir compte avant tout du principe de réalité. Cela consiste à prendre en compte les exigences du monde réel, et les conséquences de nos actes.
L’été 2021 ou le rappel des réalités
« Pour l’Europe, le GIEC conclut avec une grande certitude que, quelle que soit l’intensité du réchauffement à venir, toutes les régions d’Europe connaîtront une augmentation de température plus rapide que l’augmentation moyenne mondiale. Le nombre et la gravité des épisodes de chaleur extrême ont augmenté au cours des dernières décennies et continueront d’augmenter selon les prévisions, indépendamment des scénarios d’émission. En outre, le nombre de vagues de froid et de jours de gel diminuera pour tous les scénarios d’émission et tous les horizons temporels, ce qui est déjà visible dans les observations historiques… Plus spécifiquement pour l’Europe occidentale et centrale (la région dans laquelle se trouve la Belgique), les résultats indiquent avec une certitude modérée une augmentation des inondations pluviales comme conséquence directe des précipitations intenses à un réchauffement global de 1,5 °C (pour 2 °C ou plus la certitude est élevée) ». Si les verts du Lothier démarrent leur analyse de ce troisième projet proposé pour la création d’un club de tennis à Genappe par cet extrait du tout dernier rapport du GIEC c’est parce que nous le savons l’urbanisation aggrave les conséquences du réchauffement climatique ; la bétonisation imperméabilise les sols, amplifie les inondations, diminue la biodiversité, etc. En fin de compte, un terrain bétonné est un terrain « détruit » pour toujours.
Or durant cet été 2021, l’Europe a elle aussi connu directement et dramatiquement les effets du réchauffement climatique. En Wallonie plus de 200 communes ont dernièrement été impactées parfois avec la violence inouïe que l’on connait. Et, on peut lire sur le site fédéral climat.be qu’un climat de plus en plus chaud augmentera l’occurrence d’événements et de saisons météorologiques parfois très humides et parfois très sèches, avec des conséquences pour les inondations et les sécheresses. Tout entrepreneur ou décideur doit tenir compte de ce type de données. Il est de notre responsabilité d’élu d’être vigilent voire intransigeant. Aujourd’hui, en tant que décideur le collège communal doit viser, pour chacune des actions qu’il compte entreprendre ou encourager, l’autonomie énergétique, la préservation et l’optimisation de notre biodiversité, la mise en place de dispositifs pour lutter contre le réchauffement climatique et contre ses effets.
S’adapter commence au niveau des communes
On le sait depuis longtemps la lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité commence dès le niveau communal. C’est ainsi que pour notre formation politique il faut un examen collectif, scientifique et citoyen, du territoire et de son aménagement. Tous les nouveaux projets qu’ils soient publics ou particuliers et quelles que soient leurs affectations doivent être analysés sous l’angle climatique et environnemental avec des garanties maximales en termes de production de gaz à effet de serre, et d’impact sur la gestion de phénomènes qui seront de plus en plus fréquents tels sécheresses ou inondations.
Un manque criant de garanties
Les dossiers aujourd’hui disponibles et consultables dans le cadre de l’enquête publiques ne laissent pas apparaître suffisamment de garanties si l’on prend donc les angles de vue indispensables que sont le climat et la biodiversité.
Nous manquons à ce stade d’information concrètes, chiffrées, objectives quant aux incidences du projet sur la mobilité, le bruit, les déchets, l’énergie, le risque d’inondations.
L’examen des consommations d’énergie (éclairage et chauffage), de la gestion des déchets et des eaux usées, de l’imperméabilisation des sols est absent du dossier ou lacunaire et ne nous apporte donc aucune réassurance objective.
Beaucoup de questions se bousculent alors.
- Quelles seront les conséquences de l’installation de l’infrastructure tennistique sur le ruissellement des eaux et la perméabilité du sol des deux terrains concernés ?
- Le problème du ruissellement des eaux en cas de pluies intenses et l’égouttage ont-ils été examinés avec attention ?
- La capacité des citernes qui seront installées pour récolter les eaux pluviales des trois terrains couverts (+/- 1800 m2) et du club house (+/- 220 m2) est-elle suffisante ?
- Comment ce projet s’intègre dans le plan Énergie Climat de la Ville ?
- Depuis le 1er janvier 2021, tous les bâtiments neufs doivent être à consommation d’énergie quasi nulle. En avons-nous la certitude pour ce futur club ?
Et si les autorités communales décident d’une vocation essentiellement sportive pour la plaine communale -ce qui est une idée juste en termes d’accessibilité et de regroupement de l’offre- ne devons-nous pas exiger d’étudier la production globale d’énergie de l’ensemble du site et de nous assurer qu’il soit, à l’avenir, exemplaire en termes d’émission minimale de GES. Sans une telle étude complète des énergies produites et consommées sur tout le site intégrant la piscine rénovée, la salle omnisports et le futur club de tennis il n’est pas possible de prendre position dans le cadre de ce projet.
De même il semble évident que tant le comité Pollec (Politique Locale Énergie Climat) que la commission de rénovation urbaine doivent être consultés.
Au-delà de ces préoccupations majeures, d’autres existent.
- Ainsi, rien n’évoque le type de convention ou de bail qui liera le promoteur au propriétaire. La superficie totale du site est de de 1Ha 20. Sa valeur marchande ne mériterait-elle pas qu’il fasse l’objet d’une large publicité auprès d’autres opérateurs ?
- Chaque commune doit-elle proposer une offre de sports complète ? A quels besoins essentiels cela correspond-t-il ? Ces besoins ont-ils été étudiés par une enquête quantitative auprès de la population ? Aujourd’hui, est-il préférable alors d’encourager la création d’un club de tennis à Genappe ou de se battre pour un développement de l’offre de transports en commun vers les communes avoisinantes comme Waterloo, Lasne, Nivelles ou Louvain-la-Neuve qui chacune dispose d’un club de tennis parfois de deux ?
S’il est préférable voire indispensable aujourd’hui de relocaliser toute une série d’activités ( économiques, agricoles, alimentaires, etc.) afin de limiter au maximum tous nos déplacements – autres que doux-…cela ne signifie toutefois pas que tout doit être possible partout. - Comment réagir demain si un promoteur souhaite créer une piste d’athlétisme ou un club de hockey ? Toutes les idées sont acceptables mais les réponses au coup par coup ne relèvent-elles pas davantage de l’improvisation que de l’analyse rationnelle et objective des enjeux ?
Enfin, lors de la deuxième proposition d’implantation de ce club de tennis sur la commune de Genappe, en décembre 2020, notre groupe avait souligné
- La nécessité de consulter la population, de l’informer et de lui présenter le projet. Cela n’a pas été fait.
- L’importance d’étudier 3 lieux possibles afin d’analyser celui qui serait le plus opportun. Cela n’a pas été fait.
Il est vrai que ce projet d’implantation d’un club de tennis à Genappe est une opportunité pour la ville d’augmenter l’offre sportive à ses habitants. On peut reconnaitre que celle-ci est limitée. Tout comme on peut constater que la densité de la population de Genappe, avec son lot de besoins et d’envies, est en plein essor.
Mais ces éléments ne contrebalancent nullement les remarques précédentes et ne nous permettent pas de remettre un avis favorable aujourd’hui.
Les mandataires du groupe Ecolo Genappe #CréonsDemain
Anne Beghin
Ludivine Brocca
Charlotte Laureys
Bernard Löwenthal
Benoit Moreau