Le projet de club de tennis : pour ou contre ?
Le Collège de Genappe a mis le projet de construction d’une infrastructure sportive de tennis à l’enquête publique (CU2 20.04) du 21 décembre au 14 janvier. Il s’agit de construire 3 terrains de tennis couverts (dans une bulle), 2 terrains extérieurs (5 en tout en phase 2), un club house avec terrasse et un parking de 40 places (80 au total en phase 2), sur un terrain appartenant au CPAS rue Louis Séculier à Vieux-Genappe.
Le débat fait rage sur les réseaux sociaux et la tension monte. Ce n’est certainement pas la meilleure manière de débattre sereinement sur un tel projet !
D’entrée de jeu nous regrettons que la population n’ait pas été invitée à une séance officielle d’information et consultation par le collège communal. Impliquer la population proactivement pour avoir son avis et lui présenter le projet dans son entièreté avant de lancer l’enquête publique aurait permis d’éviter les débats tendus actuels. Si les circonstances Covid rendent l’organisation de réunions plus difficiles, elles ne peuvent pas servir d’excuses pour ne rien faire. Une réunion virtuelle d’information ouverte à tous est faisable. Il n’est d’ailleurs pas trop tard pour la faire.
Chez Ecolo Genappe #CréonsDemain, le débat est aussi bien présent. La réflexion est encore en cours et est nourrie par les éléments qui arrivent (ou qui manquent…). Nous sommes unanimes pour penser qu’un club de tennis a sa place dans notre commune. L’enjeu porte principalement sur l’endroit proposé qui ne convient pas à tous, loin de là.
Alors listons les arguments en faveur et contre le projet.
Pourquoi on peut être pour le projet
Genappe est en plein essor, sa population augmente. Le besoin d’augmenter et de diversifier l’offre sportive sur la commune est réel. Il n’y pas encore de club de tennis à Genappe alors que ce sport serait le deuxième sport le plus populaire. Le développement de l’offre sportive était d’ailleurs dans notre programme lors des dernières élections et nous nous réjouissons de cette opportunité.
Selon le porteur de projet, Monsieur Patrick Bika, ce club sera un club familial, de proximité.
Le club fournira un peu d’emploi localement : personnel pour le club house, la restauration, les cours,…
L’endroit est mieux adapté que le précédent qui était envisagé au Parc de la Dyle. Il appartient au CPAS qui ne peut pas le valoriser autrement car il s’agit d’une ancienne décharge interdisant agriculture ou logement. Y mettre un club de tennis est donc une opportunité de valoriser ce bien public proche du centre-ville.
L’endroit est facilement accessible pour les habitants de Genappe avec des modes de déplacement doux, alors que les amateurs de tennis locaux doivent actuellement prendre leur voiture pour aller à Waterloo, Lasne, Louvain-la-Neuve ou Nivelles.
Un partenariat est prévu avec le CPAS pour proposer un accès démocratique à ses bénéficiaires. Des cours ou stages pourront être proposés aux écoles de l’entité.
Une réduction du coût d’inscription est prévue pour tous les Chenappans qui utiliseraient des modes de déplacement doux.
Pourquoi on peut être contre le projet
Les deux rues concernées (rue Séculier et rue Taburiaux) sont étroites et ne permettent que difficilement le croisement de véhicules. Or, la plupart des joueurs de tennis se déplacent en voiture. Certains viennent de loin, surtout pour les interclubs ou les tournois.
Le problème de mobilité et de trafic sera donc très important pour le quartier qui est tranquille depuis… longtemps ! Le fait que le projet prévoit 80 places de parking illustre bien qu’il y aura beaucoup de voitures en plus dans les rues limitrophes.
Le tennis est bruyant : on peut craindre le bruit des balles et des cris des joueurs, celui des véhicules (à toute heure), des spectateurs et de leurs applaudissements répétés. Il y aura des interclubs, des entraînements et des tournois. Donc potentiellement beaucoup de monde et de bruit.
Le terrain choisi est dans une ZACC (zone d’aménagement communal concerté) qui avait pour vocation d’être une zone d’espaces verts selon le schéma de structure. Ce choix avait été fait par le collège parce que « le gabarit des voiries attenantes n’est pas adéquat, que l’entièreté de la zone est une prairie humide dont l’intérêt écologique a été soulevé lors de la phase diagnostic de l’étude, qui concentre de plus des axes de ruissellements et un aléa d’inondation faible. » Pourquoi ces arguments ne seraient pas valables pour un tel projet ?
On ne connaît pas l’impact paysager du projet (pas de simulations 3D), mais il semble évident que la bulle des terrains couverts – d’une hauteur de 11 mètres – devrait se voir de loin. Le porteur de projet nous a dit que la simulation 3D sera montrée en CCATM. Il est vraiment dommage que les riverains ne puissent pas la voir pendant la phase d’enquête publique.
Les conditions du bail emphytéotique avec le CPAS ne sont pas clairement définies. En effet, l’octroi d’un droit réel est soumis à l’accord du Conseil d’Action Sociale selon le respect de conditions (type d’affectation, autorisation urbanistique, etc..) et à des règles précises. S’il échet, la mise en œuvre d’un bail emphytéotique doit se faire dans le respect des procédures applicables en matière de cession de droit sur le patrimoine public, notamment en matière de publicité et de mise en concurrence. Aucune procédure n’a été approuvée en ce sens et le CPAS de Genappe n’a pas signé d’accord pour un bail emphytéotique sur cette parcelle. Le terrain qui mesure 1 Ha 37 ares soit 13.571 mètres-carrés (comme indiqué page 3 de la N.E.I.E.) ne doit pas être cédé à vil prix et le canon est donc un élément important du débat.
Situé dans une ZACC, un RUE (règlement d’urbanisme et d’environnement) n’est-il pas imposé par la législation ?
La philosophie du porteur de projet
Il compte garder le cadre vert de la ZACC et il n’envisage donc pas l’abattage de grands arbres. Il prévoit au contraire d’en planter sur le périmètre du terrain. Il renforcera les haies ce qui favorisera la biodiversité et réduira les éléments sonores. Il compte laisser 1 à 2 mètres de prés/broussailles tout autour du périmètre pour aussi améliorer la biodiversité.
Il a l’intention d’utiliser des matériaux durables : terre battue pour les terrains, bois pour la construction du club house,… Notons aussi la récupération des eaux de pluie dans des citernes de capacité suffisante qui permettront d’entretenir les courts de tennis en brique pillée dont l’arrosage régulier est nécessaire. Et le parking sera en matériaux perméables.
Le club house sera une construction en ossature bois. Enveloppe extérieure en ossature et bardage bois isolé selon les normes PEB en vigueur visant un résultat basse énergie, toiture plate avec étanchéité blanche accueillant des panneaux photovoltaïques, et raccordé aux citernes d’eau pluviale de même que les courts couverts.
La consommation énergétique du site sera faible par l’usage de panneaux photovoltaïques.
La présence d’un club de tennis à Genappe simplifiera et réduira les déplacements pour les habitants de la commune qui ne devront plus faire des kilomètres pour aller jouer à l’extérieur de Genappe (impact positif sur les émissions de CO2 dans l’atmosphère). La mobilité douce sera encouragée notamment par une réduction de la cotisation d’inscription pour tous les joueurs, petits et grands qui se rendront à leur club à pied, vélo ou autres moyens doux.
Il fera appel aux producteurs locaux pour la cafétaria et petite restauration.
Conclusions
Beaucoup d’éléments en faveur et contre le projet. On ne peut certainement pas le balayer en disant que c’est un mauvais projet. C’est plus compliqué que ça.
On le sait, aucun projet ne peut remporter l’adhésion de tous, ne peut plaire à tous. Mais dès le moment où il s’agit de l’avenir d’un terrain public, il doit être supporté par une majorité de la population et lui profiter à moyen et long terme. Redisons ici que c’est très dommage de ne pas avoir d’abord informé la population avant de lancer l’enquête publique…
Nous devons nous méfier du syndrome Nimby qui oppose toujours l’intérêt collectif à l’intérêt individuel.
Nous demandons aussi de clarifier le loyer annuel qui sera proposé au promoteur. Quant au projet, en lui-même, il serait utile et équitable de le mettre en concurrence avec d’autres partenaires, ne fut-ce que pour arrêter les rumeurs de copinage qui polluent le débat.
Très concrètement, nous proposons les actions suivantes pour aller de l’avant sur ce dossier :
- Une présentation publique du projet (c’est possible avec les moyens informatiques) ;
- Une étude d’impact sur la mobilité et des possibilités de l’améliorer ;
- Une étude acoustique de la solution proposée ;
- Une étude des solutions alternatives, citons :
- le terrain à côté de Plaine communale ;
- la ZACC entre la rue de Villers-la-Ville et l’avenue des Cottages ;
- un terrain attenant à la N25 (beaucoup plus difficile vu qu’on serait en zone agricole).
Pour Ecolo Genappe #CréonsDemain le projet est intéressant. Il répond à un besoin de diversification de l’offre sportive. Il s’agit d’un club de tennis à taille humaine (on est loin des grands clubs avec plus de 15 terrains) auquel le porteur de projet compte insuffler une identité durable. Mais il nécessite certainement une analyse approfondie des impacts sur la mobilité et une évaluation sérieuse des alternatives avant de prendre une décision finale.
Et si cela remet le projet en question, nous suggérons au Collège communal de commencer par informer la population pour bénéficier de son intelligence collective.
Pour Ecolo Genappe #CréonsDemain
Bernard Löwenthal