Le silence de la colère

Nos paroles ne sont pas écoutées. Notre silence le sera peut-être.

Les mandataires du Groupe Écolo Genappe #CréonsDemain se tairont en séance du Conseil communal du 25 août 2020. Aucune intervention, aucun commentaire, aucune question. Rien. Et pour tous les points qui requièrent un vote les 5 mandataires de notre formation s’abstiendront. Telle la chanson « The sound of silence » qui témoignait du manque de communication entre les hommes, nous dénonçons par notre silence l’absence de communication, de respect et de débat au sein d’un groupe de 25 personnes qui se devraient pourtant de prendre les meilleures décisions pour l’intérêt commun tenant compte de consensus autour de valeurs et de priorités dans un contexte de crises multiples.

Le Collège s’écoute parler

Depuis des années, nous reprochons à la majorité MR de ne pas écouter la minorité. Avec la crise du Corona, naissait l’espoir d’une autre façon d’envisager la gouvernance de Genappe, et ce, en vue d’une commune qui s’adapte aux changements et urgences.

En effet, la crise sanitaire mais aussi, les canicules répétées et de plus en plus fortes nous rappellent à l’ordre, titillent le sens de nos existences et de nos responsabilités. L’actualité ne devrait-elle pas nous apprendre que faire de la politique c’est aussi partager les bonnes idées, les développer, les appliquer.

C’est en ce sens que dès avril nous avons demandé que tous les élus travaillent ensemble – toutes couleurs politiques confondues – sur « l’Après Covid ». Vu l’absence de réaction, nous avons alors proposé un triple plan de relance. Rejeté en bloc ! Au profit de celui de la majorité intitulé « Et Maintenant Genappe ». Telle une insulte aux générations futures et aux citoyens d’aujourd’hui qui sont bien conscients des enjeux… nos élus se préoccupent ainsi surtout de « l’ici & maintenant »… sans perspective à long terme.

La crise que nous traversons n’est pourtant pas une parenthèse, loin de là. Alors même qu’elle devrait être un levier, le blocage majorité-minorité semble encore s’être accentué. Et le refus systématique de toutes les propositions de la minorité est de mise, telle une marque de fabrique.

Comment décoder ces refus systématiques des propositions écologistes ? N’est-ce pas là un signe de déni de la réalité ?  Et ce dans un contexte  d’urgence à se mettre au travail et à ouvrir des chantiers comme la préservation de notre environnement, l’autonomie alimentaire de notre commune, la réduction de nos déchets, la lutte contre le réchauffement climatique ou encore l’optimisation de notre label commune hospitalière !

Genappe une commune en danger

La crise était l’occasion de repenser les enjeux et les priorités. Il n’en n’est rien. Les mandataires de l’opposition et, avec eux, tous les citoyens qu’ils représentent, ne sont pas entendus. La gouvernance MR-CdH exclut sans gêne plus de 40% de la population. Il n’y a pas d’intérêt collectif juste l’intérêt des électeurs MR-CdH. Quant aux autres, ils voient ainsi leurs intérêts, demandes et rêves évacués.

Ainsi en raison de l’immobilisme ambiant qui plombe notre commune, Ecolo Genappe #CréonsDemain déclare Genappe en danger et en état d’urgence climatique et environnementale. En effet il ne peut y avoir de progrès et de changements aussi longtemps que l’inertie et le fatalisme règnent en maître.

N’écoutant que lui, le Collège de Genappe rate cette occasion unique de travailler autrement. Rien d’étonnant en fin de compte. Cette attitude du Collège est cohérente avec sa manière de fonctionner en vase clos depuis des années, faisant fi des autres forces politiques. Et la pensée unique dominante ne peut que freiner l’innovation et la créativité nécessaires face aux défis qui sont là et bien là.

La coupe est pleine chez les verts

Territoire de mémoire, Commune Hospitalière, Zéro Déchets, l’agriculture, les seniors, la biodiversité, les cantines scolaires, la mobilité douce, l’enseignement, le soutien scolaire, la transition énergétique, etc. Autant de matières dans lesquelles les verts du Lothier s’investissent depuis de nombreuses années… sans grand succès. Nous ne parvenons à rien… si ce n’est à renforcer ce que nous dénonçons : Genappe est une commune slogans.

Toutes ces matières ne sont effectivement pas investies, tout au mieux elles sont effleurées.

Nous dénonçons aussi ce réflexe d’encommissioner tout ce qui « dérange »… comme le plan communal de Biodiversité que nous proposions en mai 2019 et qui devait être évalué en commission avant de revenir en Conseil (ce qui n’a jamais été fait…).

Notre groupe est porté par l’urgence de la réalité et de l’actualité. Porté aussi par la conviction que des solutions existent. Ailleurs, comme à Ottignies-LLN, à Grenoble ou à Ungersheim par exemple,… observons des initiatives d’envergure, des communes qui se mobilisent et devraient être une source d’inspiration.

Plus récemment nous avons voulu proposer des changements sur les dossiers Sodexo, Mintens, Eolien, restauration de l’Espace 2000 et le très controversé projet Renowat. Rien nous n’obtenons rien. Refus après refus, deux ans après les dernières élections, la coupe est pleine.

Le climat malsain du Conseil communal

Pointons enfin un autre moteur de notre silence symbolique : le dysfonctionnement de notre Conseil communal. Non seulement les mandataires doivent essuyer des refus systématiques mais également des attitudes de mépris, de non-respect dont la répétition nous autorise à parler de harcèlement au sein du Conseil communal. Or, nous sommes en 2020. L’heure est à la communication non violente, à l’ouverture, à l’intelligence collective et à la participation.

Ces dynamiques n’existent pas à Genappe.

En conclusion, « l’autre », celui qui pense différemment, qui agit différemment ou qui rêve différemment n’a pas de place. Aucune. Cela s’appelle du repli, repli sur soi. Ainsi à Genappe on manque d’air, on manque d’oxygène, de renouveau. Alors face à ce mur nous convenons de marquer le coup car comme le dit le journaliste Jacques Folch-Ribas il convient peut être mieux de se taire sur les choses importantes devant ceux qui ne sont point faits pour les entendre. Et même si nous refusons d’être les spectateurs de la catastrophe annoncée, nous refusons aussi d’être continuellement malmenés. Notre  silence en ce Conseil de fin août signe notre inquiétude grandissante, notre colère et notre impossibilité aujourd’hui à remplir la mission qui par vote nous a été confiée, celle d’amener Genappe vers un fonctionnement durable, résilient, solidaire.

 

Anne Beghin
Axelle Muller
Ludivine Brocca
Alain Moreau
Bernard Löwenthal