11 juin 2019

La biodiversité vide de sens ou le sujet qui fâche la majorité et #CréonsDemain

A Genappe, au printemps 2019, on installe sur le territoire des ruches décoratives.
A Genappe donc, à la demande des autorités, des ouvriers restaurent, peignent et puis installent dans des lieux improbables tel le centre d’un rond-point des ruches. Des ruches vides, bien évidemment.
Ce qu’il faut comprendre derrière cette action de soi-disant sensibilisation c’est que ces ruches vides sont en définitive vides de sens. Elles créent un climat terriblement cynique quand on connait la problématique de l’extinction des abeilles.
Elles signent une politique qui ne semble pas pleinement consciente de l’enjeu auquel elle croit sensibiliser.

Alors que les scientifiques du monde entier dont le belge Jean-Pascal van Ypersele tirent la sonnette d’alarme sur les enjeux climatiques et de biodiversité,
Alors que les apiculteurs crient leur désarroi depuis des années face à l’effondrement des abeilles et à ses conséquences,
Alors que la mortalité de ces dernières à Genappe est plus élevée qu’ailleurs,
Alors que des agronomes tels que le français Claude Bourguignon, spécialiste dans la microbiologie des sols, dénoncent des pratiques qui les font mourir ainsi que la faune et la flore,
Alors que le professeur Bruno Schiffers fait des recommandations urgentes notamment sur notre commune où il a étudié les traces et résidus de pesticides dans et aux alentours de trois de nos écoles, …
Genappe propose des concours d’épouvantails et installe de fausses ruches.

Ce pied de nez à la réalité nous pousse à dénoncer une politique qui reste aux balcons.
Tout cela est peut être bien joli, voire bien intentionné. Mais pendant ce temps, les indispensables combats contre le réchauffement climatique et pour la restauration de la biodiversité n’avancent pas. Et ce alors même qu’il y a urgence et qu’on parle d’une dizaine d’années pour éviter le chaos. Fin mai, lorsque notre groupe politique se voit rejeter sa proposition de plan communal de la Biodiversité toujours avec le même cynisme “on ne vous a pas attendu pour travailler” ou « on n’a pas besoin de vous pour savoir où planter une fleur », la presse parle du sujet qui fâche et à juste titre. Lorsque notre motion est définie comme une liste de petites mesures alors que nous parlons d’un plan global ambitieux pour restaurer la biodiversité sur notre territoire, tout le monde peut se rendre compte du grand écart entre d’une part une politique de greenwashing et d’autre part nos demandes insistantes de prise de responsabilité.

Le désaccord est clairement là, dans ce grand écart.
Je demande au Collège d’en analyser les motifs plutôt que de se braquer ou de renvoyer nos projets loin, très loin des lieux de décision que sont le Conseil ou le Collège. De sortir alors de sa position défensive systématique pour réellement assumer ses responsabilités. Et constater avec nous que oui, il serait possible de faire de Genappe, commune la plus rurale, la plus étendue et la moins dense du BW, une commune exemplaire et inspirante.
En votant pour notre groupe en octobre dernier, 20% de la population faisaient de ces demandes des priorités. Il en est de même pour celles et ceux des citoyens qui ont voté pour la liste MR-Cdh, séduits par son ambitieux programme environnemental. Cela correspond à une part significative de la population qui compte sur nos deux groupes et leurs engagements respectifs.

Anne Beghin